Au Bénin, l’Assemblée nationale a voté il y a quelques semaines, la loi sur la suspension de l’exécution de peine. Ce texte, une fois promulgué, permettra au président de la République, de suspendre l’exécution des peines de détenus pour des raisons sociales ou humanitaires. Eugène Azatassou, membre influent du parti Les Démocrates, voit en cette loi une « ruse » du régime en place. « J’y lis une ruse du pouvoir de la rupture qui veut avoir des détenus politiques non enfermés, qui sont soit disant en liberté mais sur lesquelles planent à tout moment l’épée de Damoclès d’être repris ou d’aller poursuivre leur peine, tout simplement parce qu’on les a libérés avec cette loi… Le pouvoir continuera de dire qu’il n’y a pas de détenus politiques et continuera de les détenir quand même, parce que quand bien même, ils sont libres, ils sont soit disant libres ils sont obligés de se contrôler » analyse Eugène Azatassou au micro de Reporter Bénin Monde.
Des détenus politiques « à ciel ouvert »
L’opposant est donc convaincu qu’il s’agit d’une ruse pour avoir des détenus politiques à « ciel ouvert ». Quand on lui demande, si ce n’est pas une occasion à saisir pour Reckya Madougou et Joël Aïvo, il botte en touche. Le Démocrates, pense que le pouvoir pouvait user d’autres moyens pour les sortir de prison. Et que la loi actuelle qui permet la libération des prisonniers, avec la possibilité d’un retour dans l’univers carcéral n’est pas la bienvenue. « Ce n’est pas de ça qu’on a besoin aujourd’hui » assure Eugène Azatassou. « Le second problème que ça me pose, c’est le vote à l’unanimité de cette loi. Il est surprenant, que aucun des députés de la 8ème législature n’ait perçu cet aspect, qui puisse l’amener à voter contre, soit au moins à s’abstenir de voter. Et ça a été voté à l’unanimité comme d’autres lois qui ont entravé les libertés, parce que c’est une loi qui entrave les libertés à nouveau. C’est-à-dire, vous aurez des hommes soit disant libres, mais qui ne le sont pas en réalité » a poursuivi, l’ancien coordinateur du parti FCBE.
Il trouve que c’est « une honte pour le peuple béninois que de disposer d’une telle assemblée ». Le Démocrate invite ses compatriotes à se « débarrasser au plus vite de ce genre de parlement ». Inutile de rappeler que le mandat de la 8ème législature prend fin bientôt. Les élections législatives sont prévues pour le 08 janvier 2023. L’opposition a déjà manifesté sa volonté de prendre part à ce scrutin. Elle espère retourner au parlement pour rétablir selon elle la démocratie, qu’elle juge en difficulté sous le régime de Patrice Talon. Les élections législatives de 2019, très contestées du fait de la non participation des partis opposés à la gestion de l’actuel gouvernement avaient donné lieu à des violences avec leur lot de morts.
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