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Bénin: besoin de 2500 enseignants pour 1300 docteurs disponibles

(Le gouvernement attendu pour un recrutement massif) Dans les Universités Nationales du Bénin, le nombre d’étudiants monte en flèche d’années en années contrastant avec une stagnation voire une décroissance du nombre d’enseignants encadreurs. Il en ressort qu’il existe un besoin criant d’enseignant auquel les pouvoirs publics doivent répondre pour assurer une meilleure formation de l’élite de demain. Le gouvernement de la rupture n’ignore d’ailleurs pas la situation. En 2016, le Président de la République, Patrice Talon et son gouvernement ont affiché une volonté politique assez volontariste pour enrayer les maux qui minent le secteur de l’enseignement supérieur au Bénin. Le diagnostic posé à l’époque renvoyait, sur le tableau de bord,  à une pénurie drastique d’enseignants dans les universités publiques du Bénin.

Pour résorber cette situation qui compromet la formation des apprenants, le Programme d’actions du gouvernement avait prévu le recrutement de 1535 Assistants-enseignants sur le quinquennat 2016-2021. Seulement 184 enseignants auront finalement été recrutés, soit, 11,98% des prévisions de départ. Cependant, le gouvernement qui n’ignore pas le besoin criant d’enseignants sait aussi que les chiffres explosent. En guise d’exemple, les effectifs des apprenants (étudiants) à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) sont passés de 69000 en 2016 à plus de 100 000 à fin 2022.

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Or, selon les recommandations du système LMD, un tel effectif d’apprenants devrait être encadré par environ 4000 enseignants chercheurs alors que l’UAC ne compte qu’environ 800 enseignants actuellement, soit un déficit de 3200 enseignants. Avec les départs de plus de 250 enseignants à la retraite, le déficit va davantage se creuser. Au-delà de l’Uac, le besoin en enseignants se fait aussi sentir dans les autres universités publiques du Bénin. Le Cercle des Docteurs en instance de recrutement qui sont attachés à une formation de qualité parle d’un besoin de plus de 2500 enseignants dans les universités nationales du pays dans un contexte où les profils recherchés ( les docteurs) sont en sous effectif.

Près de 1300 docteurs à recruter par l’État

Les performances universitaires sont tributaires de l’emploi d’un personnel d’encadrement formé et suffisant. Dans le prolongement des 184 enseignants recrutés sur le quinquennat 2016-2021, le gouvernement est attendu pour réduire voire combler la totalité des besoins exprimés par les Universités nationales. Selon un recensement réalisé par le cercle des Docteurs en instance de recrutement (Dir) au mois de juin 2023, il existe au moins 1259 docteurs ( hommes et femmes) formés dans plus de 25 des meilleures universités tant nationales, régionales et internationales. Ces 1259 docteurs non encore employés constituent un potentiel à déployer dans les universités publiques à l’issue d’un recrutement formel leur offrant de meilleures conditions de vie et de travail afin d’assurer une formation de qualité aux jeunes apprenant.es qui s’inscrivent chaque année.

Par ailleurs, le recrutement massif attendu depuis plusieurs années maintenant par les Dir va permettre d’éviter l’hémorragie des cerveaux. Toujours selon les statistiques du Cercle des Dir, au 31 décembre 2023, plus de 14% des Docteurs en instance de recrutement seront frappés par la limite d’âge pour l’insertion dans la fonction publique. Pour cette catégorie de docteurs, l’angoisse est lourde à supporter. Ces pères et mères de famille qui ont trimé pour obtenir leur diplôme de doctorat et qui n’ont que pour seule passion de former une relève de qualité verront bientôt leur rêve devenir impossible, du moins sous la couverture de l’État. Mais dans les rangs des Dir, l’espoir n’a pas encore totalement déserté le forum. Ils étaient nombreux à renseigner la plateforme d’inscription au Fichier National des Aspirants à l’Enseignement Supérieur (Fnaes) rendu fonctionnelle le 16 mai 2023.

Si les Dir ne sont pas encore enrôlés dans la fonction publique comme souhaité, le constat dans les universités publiques renseigne que les docteurs en instance de recrutement abattent le gros lot du travail. La plupart des 1259 Docteurs en Instance de Recrutement recensés sont pour l’essentiel exploités pour les travaux dirigés, les travaux pratiques, les corrections de copies à la suite des examens et l’assistance des enseignants dans leurs cours, sans aucune forme de contrat de travail avec l’Etat. L’inquiétude est générale dans le rang des parents d’étudiant.es. qui investissent des ressources financières importantes dans la formation de leurs enfants. Que va-t-il se passer si, par essoufflement dans l’attente, les Dir quittent les universités publiques à la recherche d’un mieux-être ? Pour l’heure, les Docteurs en instance de recrutement se nourrissent d’un sentiment patriotique avec l’espoir, qu’en dépit des quiproquo, dysfonctionnements et irrégularités relevés sur la plateforme du Fnaes, le recrutement massif  soit effectif dans les plus brefs délais.

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Ils s’en remettent à l’esprit paternel du Chef de l’État, Patrice Talon. Un mémorandum sur les besoins de recrutement des enseignants dans les universités publiques du Bénin a d’ailleurs été transmis le 12 mai 2023 au secrétariat de la présidence de la République par le Cercle des Dir. En plus d’une demande d’audience en date du 23 juin 2023 adressée au Président de la République, le Cercle des Docteurs en instance de recrutement est engagé dans des actions de plaidoyer et une série de discussions avec les autorités du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique notamment en ce qui concerne les modalités pratiques de recrutement, le système des tests – anti plagiat et bien d’autres sujets importants pour une formation de qualité dans les universités publiques du Bénin.

Le rôle déterminant des universitaires

Il n’y a de richesse que d’hommes. Cette pensée populaire qui irrigue les discours, les choix et les actes se matérialise dans le secteur de l’enseignement supérieur par un capital humain bien formé dans diverses spécialités, doté de capacités intellectuelles appropriées et apte pour servir de fer de lance pour booster le développement du Bénin. Dans les Universités nationales du Bénin, les titulaires d’une thèse de doctorat se comptent par milliers. Que ça soit au Bénin ou ailleurs dans d’autres universités africaines ou partout dans le monde, les jeunes béninois engagés dans une quête du savoir d’élite, réussissent, après moult péripéties et au bout d’un chemin périlleux, à obtenir leur diplôme de doctorat.

La passion pour la recherche fondamentale a ainsi permis à ces milliers de docteurs de produire du savoir, d’elarguer le doute autour de plusieurs sujets  propres au Bénin et de mettre à disposition des pouvoirs publics des données nécessaires pour façonner les politiques publiques de développement dans tous les secteurs vitaux. Bien souvent, les acteurs de la chaîne économique s’inspirent des résultats des ces différentes thèses de doctorat pour donner vie à des projets ou pour améliorer des innovations balbutiantes.    

Par-delà, l’élite intellectuelle nantie du diplôme de doctorat participe, dans les universités publiques et privées, à la formation des futurs cadres et professionnels qui contribuent à leur tour, au développement socioéconomique du Bénin. Sous cet angle, il existe une convergence des points de vue quant à l’importance et au travail ô combien déterminant des enseignants d’université. Mais les universités, notamment publiques du Bénin, ont-elles toujours les moyens pour assurer au mieux la mission de formation des étudiants qui vont s’inscrire chaque année dans diverses spécialités ? Cette question remet au goût du jour l’éternelle question de l’effectif du personnel d’encadrement  dans les universités publiques du Bénin. C’est donc à juste titre que partageant les mêmes objectifs que le gouvernement, le Cercle des Docteurs en instance de recrutement plaident pour un recrutement massif à l’effet de remettre les universités au service du développement.

Une réponse

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    Je connais bien cette histoire. Le premier ennemi du Béninois, c’est le Béninois lui-même.

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