La dernière mise à jour du projet European Hydrogen Backbone (EHB), qui vise à mettre en place un vaste réseau de transport d’hydrogène à l’échelle européenne, réserve une surprise de taille. L’Algérie, qui était présente dans les versions précédentes du projet, a été ostensiblement exclue de cette nouvelle mouture. La nouvelle carte des infrastructures de l’EHB, qui prévoit le transport d’hydrogène dans l’Union européenne, ne fait aucune mention d’une liaison avec l’Algérie via le gazoduc Medgaz.
Ce qui est également remarquable, c’est le renforcement de la connexion avec le Maroc éternel rival de l’Algérie au Maghreb. L’EHB, qui regroupe à ce jour plus de 30 opérateurs d’infrastructures énergétiques de 29 pays européens, prévoit le déploiement d’un réseau de pipelines de plus de 50 000 kilomètres d’ici 2040. Concernant la décision d’exclure l’Algérie, certains acteurs pensent que cela est dû aux tensions entre l’Europe et Alger autour des livraisons de gaz. Alger ne jouant pas assez le jeu des occidentaux.
Pour rappel, en tension avec l’Espagne l’Algérie avait décidé de suspendre la livraison de gaz. Ce qui a fait craindre des difficultés en Europe. L’Europe se venge donc t-elle contre l’Algérie ? En tout cas cette situation donne un certain avantage à Rabat qui va pouvoir développer ses liens avec l’Europe. Le Maroc a également un avantage dans son sac avec le projet de gazoduc avec le Nigeria qui pourrait conforter sa position dominante en Europe face à Alger
Des tensions qui remontent à plus loin
Les tensions entre l’Algérie et le Maroc sont enracinées dans une histoire complexe de rivalités régionales, de contentieux territoriaux et de différences idéologiques. Le principal point de discorde reste la question du Sahara occidental, une région disputée depuis la fin du colonialisme espagnol en 1975. Le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire, tandis que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, milite pour l’indépendance de la région.
Par ailleurs, les divergences de politiques étrangères, notamment vis-à-vis de l’Union européenne et des États-Unis, exercent une pression supplémentaire sur leurs relations bilatérales. En outre, la question de l’énergie est un autre élément de friction, l’Algérie ayant parfois utilisé sa position de fournisseur de gaz comme levier dans des négociations politiques. Cette rivalité profonde, souvent qualifiée de « Guerre froide du Maghreb », influence considérablement la dynamique politique et économique de l’Afrique du Nord.
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