L’Afrique, un continent aux besoins croissants en importation de blé, est le théâtre d’une compétition stratégique entre la France et la Russie. En 2022, la dynamique a changé, surtout dans les régions clés comme le Cameroun et l’Afrique du Nord, où les choix d’importations ont été influencés par des événements géopolitiques et économiques. La crise en Ukraine a perturbé les exportations russes de blé, conduisant plusieurs pays africains à diversifier leurs sources d’approvisionnement.
Le Cameroun, par exemple, a considérablement réduit ses importations de blé russe, offrant à la France l’opportunité de devenir le premier fournisseur du pays en 2022 avec 292 500 tonnes, capturant 30,1% du marché contre 138 000 tonnes pour la Russie. Rappelons que la Russie fournissait 524 000 tonnes en 2021. Mais ce n’est pas seulement en Afrique centrale que la France gagne du terrain. En Afrique du Nord, des pays comme l’Algérie ont révisé leurs normes d’importation, rendant plus facile l’importation de blé russe, tout en restant ouverts à la concurrence française.
Cependant, la question qui se pose est la suivante : pourquoi le blé français deviendrait-il une option attrayante pour les pays africains ? La disponibilité en priorité. Avec une prévision de 17 millions de tonnes disponibles pour l’exportation en 2023-2024, la France a la capacité d’alimenter des marchés aussi vastes que ceux de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale. De plus, alors que le blé russe était historiquement compétitif en termes de coûts, l’écart de prix entre le blé russe et français se rétrécit, rendant le blé français de plus en plus attractif.
Au-delà des coûts, la France a l’opportunité de capitaliser sur sa réputation d’offrir des produits de qualité et de renforcer des partenariats économiques à long terme en Afrique. Dans des régions comme l’Afrique du Nord, avec une riche histoire d’échanges commerciaux avec la France, ces liens peuvent s’avérer précieux.
Toutefois, les challenges restent nombreux. Les pays africains sont conscients de l’impact de leurs importations sur leurs économies. Pour des pays comme le Cameroun, l’importation de blé est une préoccupation économique majeure. L’Afrique du Nord, avec une population en croissance rapide et des besoins alimentaires en augmentation, est également préoccupée par la sécurité alimentaire. Alors que la Russie s’efforce de maintenir sa suprématie sur le marché du blé en Afrique, la France a une occasion en or de consolider sa position, non seulement en tant que fournisseur fiable, mais aussi en tant que partenaire économique de choix. Seul l’avenir dira si la France réussira à doubler la Russie en Afrique, mais les signes actuels sont prometteurs.
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