Face à la crise politique au Niger, la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est confrontée à un défi sans précédent. La décision de l’organisation de recourir à des sanctions et de proposer une intervention militaire au Niger a déclenché des réactions violentes de la part des nations africaines voisines. Le Mali et le Burkina Faso ont même évoqué la possibilité d’une intervention armée pour soutenir le Niger, tandis que la Guinée a mis en garde la CEDEAO contre les conséquences potentiellement catastrophiques de ses actions.
Ces réactions ont démontré un niveau de résistance élevé à l’approche de la CEDEAO, menaçant potentiellement l’unité et la cohérence de l’organisation régionale. L’annonce du Mali et du Burkina Faso de leur intention d’apporter un soutien militaire au Niger, si nécessaire, est particulièrement préoccupante. Ces déclarations pourraient non seulement mener à une escalade militaire, mais aussi créer une fracture profonde au sein de la CEDEAO, mettant en danger sa viabilité en tant qu’organe de gouvernance régionale.
De son côté, la Guinée, par le biais du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), a adopté une approche plus mesurée mais tout aussi critique. Les autorités guinéennes ont vivement critiqué la CEDEAO pour avoir préconisé une intervention militaire, qualifiant cette proposition d’illégitime et d’inhumaine. La Guinée avertit que de telles actions pourraient entraîner un désastre humanitaire et même une dislocation de la CEDEAO. Une idée pas si saugrenue quand on prend en compte les menaces du Mali et du Burkina de quitter l’organisation.
Un contexte à ne pas négliger
Alors, assistons-nous à un risque de dislocation de la CEDEAO, comme le prétend la Guinée ? Si l’on tient compte de l’ampleur de la contestation face à l’approche de la CEDEAO, la question mérite d’être sérieusement examinée. Et, précisons le, cette contestation ne prend même pas en réalité en compte l’animosité des populations des pays cités contre l’organisation sous-régionale accusée de jouer le jeu de la France. Il est clair que l’organisation est confrontée à une crise de légitimité et de solidarité, avec des États membres qui envisagent ouvertement de prendre des mesures militaires contre une possible intervention de la CEDEAO.
L’heure est donc venue pour la CEDEAO de réfléchir à une autre approche pour résoudre les crises politiques. Les sanctions imposées au Mali n’ont pas eu l’effet escompté, bien au contraire, elle a poussé les populations à se retourner contre la CEDEAO. L’organisation a un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la stabilité et de la cohérence en Afrique de l’Ouest, mais elle doit également prendre en compte les réalités socio-économiques. Les sanctions frappant plus la population civile que les dirigeants, est-ce la solution? La menace d’une intervention militaire n’est-elle pas exagérée quand on sait qu’aucune solidarité sur ce plan n’a pu être constatée quand il s’agissait de lutter contre les terroristes? Il serait prudent pour la CEDEAO de considérer les contextes des crises et d’opter pour la voie de la diplomatie plutôt que celle du militaire ou des sanctions. Dans le cas contraire, l’organisation pourrait courir le risque d’une dislocation potentielle, comme le suggère la Guinée.
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