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L’Algérie, le regard tourné vers l’Afrique

Abdelmadjid Tebboune (Photo DR)

Considérée comme un acteur majeur du rayonnement de la Ligue des États arabes, l’Algérie est devenue un des moteurs de l’économie africaine. Le FMI a récemment classé le pays dans la catégorie des puissances émergentes, grâce à une croissance annuelle entre 3 et 6%. Il y a environ 45 millions d’habitants, pour la plupart de confession musulmane, qui se concentrent dans les zones d’activités au nord du pays. Grâce à ses 2150 km de côtes ouvertes sur la méditerranée, l’Algérie a depuis toujours, su profiter de sa proximité avec l’Europe pour développer des échanges commerciaux.

Le pays est un des plus gros exportateurs mondiaux d’hydrocarbures et possède des sols riches en minerai comme l’or ou le lithium. Grâce à ces ressources, le pays a su attirer des investisseurs étrangers comme les Chinois qui investissent bientôt plus de 36 milliards de dollars dans divers secteurs. Mais compte tenu du contexte géopolitique actuel, l’Algérie a le regard tourné vers le sud. La nation se verrait bien être le pays-étendard du continent, la nouvelle voix de l’Afrique. Peut-être les premiers signes de l’émergence d’une nouvelle superpuissance africaine ?

De l’Algérie française à l’Algérie indépendante

Comment l’Algérie a opéré sa transition depuis l’identité du pays et de la population indigène sous la colonisation française, à la guerre d’indépendance, pour enfin laisser place à une présence algérienne forte dans l’Hexagone.

La Guerre d’Algérie

L’indépendance de l’Algérie, déclarée en 1962, a mis fin à plus de 130 années d’occupation coloniale française. La guerre d’Algérie, ou la guerre sans nom, comme l’évoquait Bertrand Tavernier dans son film éponyme, a été une période tragique pour le pays et ses habitants. D’abord, parce que ce conflit était asymétrique : l’armée française, plus nombreuse et mieux équipée, n’a laissé aucune chance aux algériens, malgré de vaines tentatives de résistances. De nombreuses victimes sont mortes dans d’atroces conditions. Crise sanitaire, famine, torture… Le peuple a connu le pire et les blessures sont toujours vives dans la mémoire collective. Après que les Accords d’Évian aient été votés, plus d’un million d’individus seront exilés sur le sol français. Parmi eux, on compte les Pieds-Noirs, français de classe populaire ayant vécu en Algérie sous l’occupation, et des Harkis, algériens enrôlés par l’armée française pour combattre le Front de Libération National (FLN).  

L’identité algérienne en France 

Aujourd’hui, les stigmates de cette époque sont toujours présents, même si la hache de guerre semble avoir été enterrée. Les deux pays ont partagé une partie de leur histoire récente et cela les a forcément rapprochés. L’héritage de cette période est toujours présent en France, en témoigne le grand nombre de Français d’origine algérienne vivant dans l’hexagone. On retrouve même des influences de la culture DZ (acronyme venant du mot Dzaïr, qui signifie « algérien ») comme avec certains mots utilisés dans la langue française : toubib, maboul, charabia, babouche, sarouel, douane, azimut… Vous ne l’aurez peut-être pas soupçonné, mais ces mots sont bien d’origine arabe ! Les traditions culinaires se sont aussi bien exportées. Classé comme patrimoine immatériel par l’UNESCO, Le couscous est même devenu un des plats favoris des Français. 

Partenariats économiques de l’Algérie avec la Chine

Le président Abdelaziz Bouteflika a été un des premiers dirigeants africains à entretenir des relations économiques avec le géant chinois. Celui que l’on proclamait “le sauveur de l’Algérie”, a grandement contribué à la restauration du siège de la Chine aux Nations Unies. Depuis, le président Xi Jinping, accompagné d’une délégation de chefs d’entreprises chinois, s’est rendu à plusieurs reprises à Alger dans le cadre de visites d’Etat. Récemment, il aurait promis d’investir la somme de 36 milliards de dollars dans l’agriculture, le secteur des transports et le développement de l’industrie des nouvelles technologiques comme le domaine du numérique avec les jeux de casino en ligne arabe ou de la santé, avec la digitalisation des services.

L’Algérie tend-elle vers une unité africaine ?

Après avoir connu la guerre, l’Algérie renaît de ses cendres et affiche fièrement son identité arabo-musulmane. Mais preuve que les temps changent, la politique progressiste du président Tebboune encourage une ouverture vers les pays du continent africain. Avec la récente crise pandémique et le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’Algérie songe à développer des relations commerciales dans le continent. Une volonté de créer une entité unique pourrait aider l’Afrique à émerger en tant que puissance mondiale autonome en s’entourant de partenaires mondiaux.

IFrikya FM, la nouvelle voix de l’Afrique

Le 3 mai 2023, une nouvelle radio a vu le jour dans la ville d’Alger. Ifrikya FM représente le nouveau symbole de cette unité. La station emploie des collaborateurs venus des quatre coins du continent. La nouvelle “voix africaine” émet dans plusieurs langues et dialectes dont le haoussa, le bambara, le targui, mais aussi en français et en arabe. Une initiative saluée par le ministre de la communication, Mohamed Benslimani, qui voit aussi en ce projet, une possibilité de diffuser des programmes éducatifs, politiques et culturels.  

Après avoir entretenu des relations avec des pays comme la France ou la Chine, l’Algérie se tourne désormais vers ses frères africains afin de construire un nouvel avenir commun. L’émergence et le développement économique du continent pourrait l’ériger en tant que nouvelle superpuissance mondiale, dans un futur proche.

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