La question migratoire est souvent au cœur des crises humanitaires contemporaines, mais elle se heurte parfois à une indifférence criante de la part de certains acteurs internationaux. Le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch, publié le 21 août, met en lumière une situation alarmante à la frontière entre le Yémen et l’Arabie Saoudite. Selon cette enquête, des centaines de migrants éthiopiens auraient été tués par les gardes-frontières saoudiens entre mars 2022 et juin 2023. Toutefois, il semble que les organisations africaines, souvent promptes à réagir face à des situations politiques internes, restent étonnamment silencieuses face à cette tragédie.
L’enquête de Human Rights Watch est sans équivoque: les meurtres de migrants sont généralisés et systématiques. En se basant sur des témoignages, des images satellites et des vidéos authentifiées, l’ONG estime que plus de 655 personnes ont été tuées – un chiffre qui pourrait potentiellement grimper à plusieurs milliers. Cet acte, que certains considèrent déjà comme un crime contre l’humanité, requiert une enquête internationale.
Que fait l’Union Africaine et les organisations sous-régionales ?
Or, face à l’ampleur de cette tragédie, la réaction des organisations africaines est déconcertante. Alors que l’Union africaine (UA) et d’autres entités se sont souvent prononcées sur des situations politiques au sein du continent, leur silence face aux malheurs des populations migrantes est assourdissant. Ce mutisme contraste fortement avec la réaction des États-Unis, qui ont exprimé leurs préoccupations face au gouvernement saoudien suite à la publication du rapport.
Pour Nadia Hardman,, une chercheurse qui a travaillé sur ce rapport, l’Arabie Saoudite détourne l’attention internationale de la question des droits de l’homme en se focalisant par exemple sur le sport. L’acquisition de clubs sportifs internationaux et l’organisation d’événements mondiaux de divertissement sont autant de façades qui cachent une réalité sombre aux frontières du royaume.
Cette situation à la frontière saoudienne n’est malheureusement que la partie visible de l’iceberg. Les routes migratoires sont jalonnées de dangers, des côtes de la Manche aux rivages de la Méditerranée. Il est essentiel que les organisations, africaines ou internationales, se mobilisent face à ces crises humanitaires et œuvrent pour la protection des populations vulnérables.
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