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Le secteur de la construction doit « coopérer avec le secteur forestier » préconise l’ONU

Clé de maison
Photo unsplash

Un récent rapport des Nations Unies met en lumière l’impact écologique du secteur du BTP, invitant la filière à se tourner vers des matériaux plus écologiques que le béton, comme le bois. Un matériau qui coche toutes les cases et qui est d’ores et déjà au cœur de la croissance verte tricolore.

Une « révolution » : dans un rapport publié le 12 septembre, les Nations Unies (ONU) appellent le secteur du bâtiment à « une réduction spectaculaire » du volume de béton neuf utilisé dans les nouvelles constructions. Partant du constat selon lequel le secteur du BTP « est de loin le premier émetteur de gaz à effet de serre (GES), responsable d’au moins 37 % des émissions mondiales » de CO2, le rapport publié par l’ONU Environment (PNUE) souligne notamment que le béton, l’acier et l’aluminium – les trois matériaux majoritairement utilisés par la filière – contribuent, ensemble, à près d’un quart (23 %) des émissions mondiales actuelles de GES.

Moins de béton, plus de bois

Autrement dit, il n’y aura pas de transition écologique sans un profond changement de paradigme dans le secteur de la construction. Raison pour laquelle les auteurs du rapport, publié avec le concours de la prestigieuse université américaine Yale et d’une soixantaine de chercheurs et architectes, estiment que la part du béton dans la construction mondiale devrait, entre 2020 et 2060, être réduite de moitié si l’on veut décarboner efficacement le secteur. Et pour y parvenir, « il n’y a pas de recette magique », prévient l’universitaire et co-autrice du rapport Naomi Keena : « il faut ajouter de nouveaux matériaux » et « changer les processus » de construction.

Ces matériaux alternatifs ne tombent pas du ciel, mais poussent dans nos forêts. Le rapport de l’ONU estime en effet que l’industrie du BTP doit impérativement « coopérer avec le secteur forestier et l’agriculture » afin de gérer, ensemble, les ressources en bois et en biomasse nécessaires aux villes du futur. Les auteurs du document préconisent notamment de se tourner vers des matériaux biosourcés, à l’instar du bois ou du bambou, afin de dépolluer le secteur et de construire « plus léger ». En somme, résume la chercheuse Anna Dyson, elle aussi co-autrice du rapport, « il s’agit d’engager une sorte de révolution ‘’Retour vers le futur’’ ».

Une révolution qui n’a pas attendu l’avis des experts de l’ONU pour commencer. En effet, aux quatre coins de la planète poussent déjà des immeubles en bois : à l’image de la tour Mjøstårnet qui, en Norvège, s’élève à plus de 85 mètres au-dessus du lac du même nom ; ou de la tour Ascent qui, du haut de ses 86 mètres – un nouveau record du monde –, surplombe la ville américaine de Milwaukee. Et d’autres projets d’immeubles en bois sont, en Suède, en France, en Suisse ou en Australie, en cours de chantier ou d’ores et déjà achevés, témoignant de l’intérêt grandissant de la construction bois à travers le monde.

Un matériau qui coche toutes les cases

C’est que le bois a de nombreux atouts à faire valoir. À commencer par d’indéniables arguments écologiques, le bois séquestrant et stockant, au contraire d’autres matériaux, le carbone sur le long terme. Comme le rappelait fort à propos Emmanuel Macron au cours d’un déplacement sur ce thème organisé plus tôt cette année, « plus on va construire de grands projets de construction bois, plus on va éviter des matériaux émetteurs de CO2 ». Miser sur le bois dans le BTP peut aussi contribuer, selon le chef de l’État, à remporter « trois batailles fondamentales pour (la France) : l’indépendance, la réindustrialisation et le climat ».

Au-delà de ses avantages écologiques, le bois comme matériau de construction représente aussi, comme l’a rappelé le président de la République, un atout compétitif pour le pays. En effet, l’écrasante majorité (plus de 90 %) du bois de construction utilisé en France provient de forêts françaises ou européennes. Une ressource locale donc, et abondante, les récoltes de bois demeurant inférieures aux accroissements biologiques naturels. En France, le taux de prélèvement est ainsi de 50 % seulement, sur un total de plus de 100 millions de mètres cubes d’accroissement annuel. En d’autres termes, la forêt française ne cesse de s’étendre en dépit du fait que certains arbres soient prélevés.

Enfin, la filière française pèse plus de 400 000 emplois, contribuant à dynamiser des territoires souvent ruraux et isolés, qui peuvent s’appuyer sur cette ressource par définition non-délocalisable. Autant d’atouts qui expliquent pourquoi la filière bois se porte plus que bien, malgré l’inflation et la volatilité des prix post-Covid : en 2022, le chiffre d’affaires global des entreprises du secteur a atteint 4,6 milliards d’euros, en hausse de +14,3 % (en valeur, et +5 % en volume) par rapport à 2020. Des couloirs new-yorkais de l’ONU aux tours futuristes des capitales mondiales, en passant par les forêts françaises, la révolution verte est bel et bien en marche.

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