Depuis quelques années au Bénin, la lutte syndicale est visiblement devenue très pacifique au point même de ne plus exister pratiquement. L’encadrement de la loi sur la grève a-t-il porté un coup dur aux actions syndicales dans le pays ?
Les secrétaires généraux des centrales syndicales sont de moins en moins présents sur la scène publique depuis quelques années.
Contrairement aux années ayant précédé le vote de la Loi N°2018-34 DU 05 octobre 2018 modifiant et complétant la loi N°2001-09 du 21 juin 2022 portant exercice du droit de grève en République du Bénin, ces acteurs majeurs de la vie publique béninoise semblent faire profil très bas. En effet, la lutte syndicale à laquelle l’opinion publique était habituée a changé véritablement. Est-ce à dire que tous les problèmes des travailleurs du Bénin sont résolus ? Les conditions de vie et de travail de travailleurs de tous le secteurs d’activités dans le pays sont-elles désormais meilleures ?
Difficile de répondre par l’affirmative à ces différentes interrogations. Mais le constat réel est qu’un changement a été observé au cours de ces dernières années dans ce domaine. Il faut reconnaître que pendant plusieurs années, la lutte syndicale s’est matérialisée par un schéma d’affrontement. En effet, le moyen dont disposent les confédérations pour se faire entendre visiblement était la grève. Mais celle-ci a été désormais très encadrée au point qu’elle ne soit plus un moyen utilisé par les partenaires sociaux au Bénin.
A la faveur d’un entretien qu’il a accordé au quotidien Fraternité en décembre 2020, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), Moudachirou Bachabi avait fait savoir que l’action syndicale dans le pays est pendant longtemps restée sur une seule piste. « Je dis que l’ère de la Rupture nous as révélé d’autres leviers qu’on aurait pu exploiter véritablement pour engranger des succès. C’est sur ces leviers que nous devions véritablement travailler. Il faut revenir aux fondamentaux et ses fondamentaux sont importants pour nourrir l’action syndicale. Et lorsqu’on aura bien nourri l’action syndicale, il est évident qu’on pourra faire d’énormes succès », avait-il déclaré lors de cette sortie médiatique. Il avait également fait remarquer que le militantisme syndical a pris un coup même si l’engagement n’a jamais failli.
« C’est vrai que quand on est à l’extérieur, on a l’impression que les gens ne sont pas motivés. Je crois que c’est le militantisme syndical qui a pris un coup. Mais l’engagement syndical du point de vue crédit, pour ce qu’il constitue en tant qu’instrument au plan universel, les travailleurs continuent de croire qu’ils ne peuvent être affranchis que par leur organisation. Sauf que dans la pratique, le militantisme syndical qui doit nourrir l’action syndicale, ce militantisme-là, a pris un coup et c’est peut-être cela qu’il faut chercher à reconstruire très rapidement pour donner de la rigueur à nos organisations », avait-il déclaré en cette période.
Mais quelques années plus tard, les choses ont elles véritablement bougé ? Rappelons par exemple que le paiement de 12 mois sur 12 de salaire aux AME, l’amélioration des conditions de travail des ouvriers sur certains chantiers sont autant de sujets encore essentiels sur lesquels les responsables des confédérations syndicaux sont attendus.
La revalorisation des salaires des travailleurs dans les secteurs public et privé à travers le relèvement de la valeur du point indiciaire de 3% et l’institution d’un sursalaire au profit des agents de l’État, fonctionnaires ou agents contractuels de droit public ne doit pas être considéré comme la fin du travail des syndicalistes
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