Joseph Djogbénou et Abdoulaye Bio Tchané dirigent-ils vraiment les partis politiques de la majorité présidentielle ? Difficile de répondre par l’affirmative. Au regard de ce qui se passe au sein de ces formations politiques, tout porte à croire que c’est le chef de l’Etat et lui seul qui tient véritablement les rênes de ces deux partis siamois. Le président Patrice Talon, exerce une influence considérable sur le fonctionnement des partis politiques de la majorité présidentielle.
Il semble être le principal décideur et apparait comme détenteur d’un droit de veto sur les décisions des partis. Ces partis sont également soumis à une forte pression du gouvernement qui peut utiliser ses ressources pour les soutenir ou les sanctionner. Les responsables des partis concernés se révèlent alors comme des responsables délégués. Les vraies décisions concernant les partis ne sont pas forcément prises par eux et parfois même leurs militants se surprennent devant certains faits.
Pour preuves, Séverin Quenum et été remplacé par Yves Détchénou au ministère de la justice alors que ce dernier n’était pas cadre d’un quelconque des partis. Ensuite, c’est Dato, proche du président de la république qui remplace Homéky pourtant militant au sein de l’un des deux partis. S’il est vrai que Patrice Talon n’est pas obligé de choisir ses collaborateurs dans le rang des partis qui le soutiennent, la pratique dans notre pays montre que les personnes qui entourent le chef de l’Etat sont ceux d’abord susceptibles d’occuper des postes de responsabilité. Que le président de la république remplace des ministres membres de partis soutenant ses actions par de simples amis ou proches, cela laisse à désirer sur la qualité du management des responsables de formations politique de la majorité présidentielle dans un contexte où la réforme du système partisan voulue par le régime entend donner de la force aux partis politiques.
En panne de leadership ?
Le leadership des deux présidents n’est pas non plus vivant et vivifiant à la tête des regroupements fidèles à Talon. Récemment des démissions ont été enregistrées au sein des deux partis pour des raisons de mauvais management des membres. Joseph Djogbénou et Abdoulaye Bio Tchané n’arrivent pas à contenir correctement les militants de leur formation politique. Si le président du Bloc Républicain n’a pas eu de mal à se faire élire aux dernières élections législatives, celui de l’UP-R s’en est difficilement sorti avec des séquelles visibles.
D’ailleurs, il n’a été finalement que le seul élu dans sa circonscription sur la liste de son parti. Encore qu’au BR, les deux jours de campagne de l’ancien président Boni Yayi ont bouleversé tous les calculs et remis les pendules à l’heure sur la popularité ou non des leaders. Plus loin, on se rappelle les difficultés qui ont précédé la formation des listes des candidatures pour les élections communales de 2020 avec des candidats imposés d’une commune à une autre par qui de droit.
En vrai, il n’y a de figure politique de la majorité présidentielle que Patrice Talon. Les autres, président des deux partis de la majorité semblent avoir du mal à s’imposer. On peut imaginer alors ce que sera la maison après le départ de Patrice Talon. Déjà, l’après Talon reste une équation difficile à résoudre pour les partisans du chef de l’Etat. Puisqu’il n’a pas encore donné de directives, malgré les suscitations de candidature, tout le monde est coi et observe. Quand la décision viendra, les gens suivront et chercheront des arguments pour se justifier. Est-ce Talon qui ne leurs laisse pas la main ou bien ce sont eux qui manquent d’imposer leur leadership ? En attendant de trouver une réponse à cette interrogation, le constat fait état de ce que les militants de la majorité présidentielle préfèrent traiter directement avec Talon plutôt qu’avec les responsables de leurs partis.
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