Chine: comment la Russie veut compenser les pertes de vente de gaz en Europe

Vladimir Poutine (Photo Alexey Nikolsky AFP)

La Russie poursuit ses efforts pour renforcer son approvisionnement en gaz vers la Chine en construisant un nouveau gazoduc, Power of Siberia 2, afin de compenser la perte de ventes de gaz en Europe. Le projet suscite toutefois des inquiétudes parmi les experts du secteur, qui remettent en question sa viabilité économique. Le gazoduc Power of Siberia 2 est conçu pour transporter jusqu’à 50 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an depuis la région de Yamal, située dans le nord de la Russie, jusqu’en Chine via la Mongolie.

Cette capacité est presque équivalente à celle du gazoduc Nord Stream 1, qui est actuellement inactif en raison de dommages causés par des explosions en mer Baltique. La construction de Power of Siberia 2 est devenue urgente pour la Russie, car elle cherche à doubler ses exportations de gaz vers la Chine pour compenser la diminution des ventes en Europe, conséquence de la guerre en Ukraine.

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Néanmoins, les négociations entre la Russie et la Chine pour mettre en place ce gazoduc rencontrent des obstacles majeurs, notamment la fixation des prix. Le président chinois Xi Jinping a exprimé son souhait de voir des progrès substantiels dans le projet, mais aucun accord formel n’a été conclu entre les deux pays à ce jour. Actuellement, la Russie approvisionne la Chine en gaz via le gazoduc Power of Siberia 1, qui a débuté ses opérations en 2019, s’étendant de l’est de la Sibérie à la province chinoise du Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine.

Cependant, les experts estiment que la Chine ne devrait pas avoir besoin d’un approvisionnement supplémentaire en gaz avant 2030, ce qui pourrait rendre difficile la négociation des conditions financières pour un second gazoduc à travers la Sibérie. Le coût du projet Power of Siberia 2, qui s’étend sur 2 600 kilomètres, n’a pas été officiellement précisé par Moscou, bien que certains analystes l’évaluent à environ 13,6 milliards de dollars. Des préoccupations subsistent quant aux risques politiques liés à la dépendance envers un seul acheteur, la Chine, qui pourrait revoir sa décision d’achat à tout moment.

La Russie vise à augmenter ses approvisionnements en gaz vers la Chine via Power of Siberia, passant de 1 à 38 milliards de mètres cubes par an d’ici 2025. Si les projets de Power of Siberia 2 et d’une autre liaison depuis l’île russe de Sakhaline, à l’extrême est de la Russie, se concrétisent, les exportations de gaz par gazoduc de la Russie vers la Chine pourraient potentiellement atteindre près de 100 milliards de mètres cubes par an d’ici 2030. Cela représenterait environ la moitié des exportations annuelles de gaz de la Russie vers l’Europe au sommet atteint en 2018, et serait comparable à la capacité combinée des gazoducs Nord Stream 1 et 2.

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