La conquête spatiale, longtemps considérée comme un territoire de coopération internationale, est désormais le théâtre d’un nouvel enjeu : l’espionnage entre satellites. Révélée par la start-up française Look Up Space, l’intrusion du satellite militaire russe Luch Olymp 2 dans l’orbite géostationnaire pour espionner trois satellites de télécommunications du groupe français Eutelsat suscite des inquiétudes quant à la sécurité et à la souveraineté spatiale. Ce comportement soulève des préoccupations croissantes, alors que l’orbite géostationnaire, à 35 800 kilomètres d’altitude, devient de plus en plus sujette à de tels incidents.
Eutelsat, l’un des principaux opérateurs européens de satellites de télécommunications, détient une flotte de satellites en orbite géostationnaire, dont trois ont été ciblés par le satellite russe Luch Olymp 2. Cette violation dévoilée par Look Up Space illustre la montée en puissance d’une forme d’hostilité dans l’espace, témoignant d’une forme de « guerre spatiale » larvée prenant de l’ampleur. Le satellite russe a été lancé depuis la base de Baïkonour et a patrouillé pendant plusieurs mois autour des satellites Eutelsat, changeant de longitude à plusieurs reprises pour se rapprocher des satellites français.
Les implications de ces actes d’espionnage sont considérables. Selon les analyses de Look Up Space, un satellite espion tel que Luch Olymp 2 peut non seulement identifier les bandes de fréquences utilisées par les satellites ciblés mais aussi potentiellement perturber leurs communications, comme cela s’est déjà produit lors du début de l’invasion de l’Ukraine. De plus, ce type de satellite peut également localiser des utilisateurs terrestres, notamment des troupes militaires françaises en mission à l’étranger, présentant ainsi des risques pour la sécurité nationale.
Cette incursion n’est pas une première. En 2018, le prédécesseur de Luch Olymp 2 avait déjà espionné le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus, ce qui avait conduit à la mise en place du Commandement de l’Espace par la Défense française. Toutefois, la Russie n’est pas le seul acteur à disposer de satellites patrouilleurs. Les États-Unis et la Chine possèdent également de telles technologies, accentuant ainsi la course à l’armement spatial. Face à cette escalade, le Commandement de l’Espace se prépare à déployer un démonstrateur nommé Yoda pour contrer de telles menaces.
Ces événements mettent en lumière l’importance croissante de la surveillance spatiale, non seulement en orbite géostationnaire mais également en orbite basse, où l’espionnage entre satellites demeure une préoccupation majeure. Récemment, la Russie a démontré sa capacité à imager avec précision un de ses satellites supposé non fonctionnel, démontrant ainsi sa capacité à manipuler l’espace extra-atmosphérique à des fins stratégiques.
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