La récente réorganisation au sommet des services de renseignement français, marquée par le remplacement de Bernard Émié à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) par Nicolas Lerner, intervient dans un contexte de crises et d’échecs notables en Afrique. Ces déboires, particulièrement au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ont mis en évidence les lacunes de la stratégie française sur le continent africain.
Ces trois pays, autrefois des bastions de l’influence française en Afrique, sont devenus des symboles des difficultés de Paris à maintenir sa prééminence dans la région. Les coups d’État ayant vu l’arrivée de présidents axés sur les intérêts de leurs nations ont ébranlé la position de la France, et la DGSE, sous la direction de Émié, a été critiquée pour ne pas avoir anticipé ces crises.
L’arrivée de Nicolas Lerner, qui a précédemment dirigé la DGSI avec efficacité, est perçue comme une tentative de renouveler les approches et stratégies de la France en matière de renseignement extérieur.
Lerner, réputé pour son expérience et sa force de travail, a pour mission de redynamiser la DGSE à un moment où la France cherche à reconquérir son influence en Afrique et à anticiper les événements futurs. Le cas de la guerre en Ukraine à laquelle les autorités françaises ne croyaient pas trop a scellé le sort de l’ancien responsable. Son prédécesseur à la DGSI, Céline Berthon, prend sa relève et apporte également une nouvelle dynamique à la sécurité intérieure française.
La Russie lie de solides partenariats
Ces changements interviennent dans un contexte où la Russie a accru sa présence en Afrique notamment en Centrafrique, au Mali, au Burkina et avance ses pions au NIiger. Le pays de Vladimir Poutine s’avance ainsi dans le cercle français en Afrique offrant une alternative en matière de sécurité, largement appréciée par les gouvernements. La reprise récente de la ville de Kidal au Mali montre à suffisance le renforcement de ses liens.
La réorganisation du renseignement français répond également à la pression accrue des États-Unis qui, par des initiatives telles que les négociations avec Bancroft Global Development, cherchent à s’implanter en Centrafrique. Ce pays devient ainsi un enjeu stratégique majeur pour ces puissances mondiales.
Dans ce contexte, la France se trouve à un carrefour critique. Les nominations de Lerner et Berthon, au-delà de leurs implications internes, sont des signes d’une France cherchant à s’adapter et à redéfinir sa politique africaine, dans un environnement international de plus en plus compétitif et complexe.
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