S’il est vrai que le peuple béninois n’a jamais dormi sur ses lauriers avec aucun pouvoir, la méfiance vis-à-vis du président Talon, de sa gouvernance et de ses partisans est trop flagrante et n’a pas de pareil. Dans pratiquement tout ce que le chef de l’Etat pose comme acte, le peuple ne retrouve que « ruse et rage ». Le régime de la Rupture en a tellement conscience qu’il se sent obliger d’expliquer à chaque fois ses actes et de tenter de rassurer. Pourquoi un tel état de chose ?
Tout ce que fait le régime de la Rupture, son patron et ses partisans doit être expliqué au peuple béninois qui n’y croit que peu, pas du tout ou alors difficilement. Il faut à chaque fois rassurer les Béninois sur la bonne foi de Patrice Talon et de sa majorité sur les décisions les plus importantes pour le pays. Il est aisé de constater une grande crise de confiance entre les actuels dirigeants du pays et le peuple. Depuis quelques années en effet, le peuple béninois croit très peu aux politiciens. Mais avec le régime de la rupture qui dirige le Bénin depuis 2016, c’est une méfiance extrême.
Des actes et faits qui tracent la voix vers la méfiance
Certains actes et faits confortent cette appréhension des Béninois. Le premier, c’est qu’après avoir déclaré à son investiture en 2016 « je ferai de mandat unique une exigence morale…. », le président Talon a non seulement demandé un second mandant mais, il a obtenu une rallonge de 45 jours sur le premier qui devrait être unique. Le deuxième, c’est que l’ancien ministre Joseph Djogbénou a évoqué la « ruse et la rage » dans la gestion au sommet de l’Etat. Du coup, les Béninois du moins une grande proportion, assimilent tout ce qui se fait à la « ruse et à la rage ».
Le troisième qui est le plus récent, c’est que le président de la République opère un remaniement de son gouvernent 72 heures après avoir déclaré en compagnie du président nigérien Mohamed Bazoum, qu’on ne change pas une « équipe qui gagne ». En plus de ces actes, on peut évoquer également des promesses non tenues. Par exemple, la construction de 30 lycées qui devrait être une réalité à la rentrée 2023-2024 et qui est reprogrammée maintenant au budget de l’Etat exercice 2024, sans oublier les promesses d’emploi massif qui n’ont pas toujours abouti. Mais au-delà de ces faits et actes, il y a un problème bien plus profond.
La remise en cause de l’autorité d’Etat
Au-delà des actes et faits qui peuvent amener les Béninois à développer de la méfiance envers le pouvoir de la Rupture, certains analystes estiment que nous assistons à une véritable remise en cause de l’autorité d’Etat. Même après le pouvoir Talon, la crise de confiance qui s’est accentuée depuis 2016 se poursuivra certainement. Les hommes politiques ont en effet prouvé tout le temps au peuple ces dernières années, qu’ils ne sont pas dignes de confiance et ne visent que leurs intérêts. Certains acteurs de la vie politique l’ont compris et ne cherchent désormais qu’à prendre leur part du gâteau.
Sinon comment comprendre qu’avec toutes les assurances données par Patrice talon et ses partisans dans toutes les circonstances, les Béninois continuent de ne pas croire aux assurances du pouvoir de ne pas tenter de réviser la constitution. Pourtant ce même débat avait cours à la fin du mandat des présidents Kérékou et Boni Yayi sans susciter autant de passion. Dès que ces deux anciens chefs d’Etat ont affiché leur position, le débat était clos. Mais pourquoi avec Talon, chaque fois qu’on tente de rassurer, on nourrit davantage le débat ? Il y a comme un déni du respect de l’autorité d’Etat.
La crise de confiance est visible que même les acteurs de l’opposition sont remis en cause au sein de la société. A ce jour, la majorité des Béninois croient peu en l’appartenance des Fcbe de Paul Hounkpè à l’opposition. Et même avec tout ce qu’il fait, certains Béninois pensent encore que le parti Les Démocrates est de connivence avec le pouvoir de la Rupture sur certaines décisions.
Restaurer la confiance
Pour ramener la confiance entre le peuple et restaurer l’autorité de l’Etat il faut une prise de conscience au niveau supérieur. « Il est nécessaire de rappeler aux hommes et femmes politiques qu’ils ne sont pas les seuls dépositaires du pouvoir à la suite d’une relation verticale et à sens unique, imposée au people », selon le Dr Manon Loison. Il continue en affirmant qu’il “faut revaloriser les aspirations des peuples. De nombreuses solutions apparaissent.
La solution la plus discutée est sans doute l’idée d’une démocratie plus participative, très à la mode en ce moment. Les définitions en sont nombreuses, mais floues. Ce concept passe par divers impératifs dits « participatifs » et « délibératifs » où il s’agit de consulter directement le peuple, de l’instruire davantage, de lui donner la parole par l’intermédiaire de conseils de quartier, de ville, de référendums ».
Pour finir Manon Loison pense que « pour redonner confiance au peuple, il faudrait redonner de la valeur aux élections … ». Sur ce chantier, par exemple, le Bénin à beaucoup à faire. Il est important que les hommes qui nous dirigent prennent conscience de la situation et travaillent à la corriger.
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