Dans un contexte où les sanctions économiques et financières infligées par la CEDEAO au Niger depuis la fin de juillet 2023 entravent les capacités des nouvelles autorités militaires à respecter les engagements du pays sur le marché régional des titres publics, l’agence de notation financière Moody’s Investors Service a pris une décision significative. Le 9 février dernier, Moody’s a publié un communiqué annonçant la dégradation de la note d’émetteur à long terme du Niger en monnaie locale et en devises étrangères, passant ainsi de « Caa2 » à « Caa3 ». Cette mesure fait suite à l’accumulation de dettes impayées du pays depuis le coup d’État survenu le 26 juillet 2023.
Cette nouvelle notation place le Niger dans ce que l’on appelle communément « la catégorie spéculative », située à deux échelons au-dessus du défaut de paiement sur l’échelle de notation de Moody’s. Cependant, malgré cette dégradation, Moody’s a modifié la perspective de la note souveraine du Niger de « négative » à « stable ». Cette décision repose notamment sur l’anticipation d’une probable augmentation des recettes en devises du pays d’Afrique de l’Ouest à partir de l’année 2024.
La situation financière du Niger s’est détériorée principalement en raison de son incapacité à honorer ses obligations émises sur le marché des titres publics de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Les lourdes sanctions économiques et financières imposées par la CEDEAO ont été un facteur majeur dans cette incapacité. Depuis le coup d’État de juillet 2023 qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, le gouvernement nigérien a accumulé, selon les données d’UMOA-Titres, environ 300 milliards FCFA (environ 485 millions de dollars) d’arriérés sur le service de la dette.
Moody’s Investors Service a exprimé sa préoccupation quant à ces arriérés de paiement, soulignant qu’ils pourraient entraîner des pertes plus importantes que prévu pour les créanciers du secteur privé. L’agence de notation a également souligné que le récent retrait du Niger de la CEDEAO, aux côtés du Burkina Faso et du Mali, rend plus incertaine la perspective de lever les sanctions imposées contre Niamey par l’organisation régionale.
En outre, Moody’s a averti que la sortie éventuelle des trois pays sahéliens dirigés par des militaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) aurait des conséquences bien plus importantes sur les perspectives d’investissement et de développement que le simple retrait de la CEDEAO.
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