Au Sénégal, le conseil constitutionnel a exigé que le scrutin présidentiel se tienne avant le 2 avril, date à laquelle expire le second mandat de Macky Sall, en respect à cette injunction, la date du scrutin a été fixée au 24 mars prochain par le gouvernement. Du coup la campagne électoral a été lancée dans un cafouillage total.
Après un mois de crise politique, le calendrier électoral est enfin mis en marche au Sénégal. Plongé dans une crise politique depuis quelques semaines, le Sénégal a connu un nouveau retournement de situation, dans la soirée du mercredi 6 mars. Les regards étaient tournés vers l’Assemblée nationale où les députés votaient un projet de loi d’amnistie controversé, mais c’est du Conseil constitutionnel que l’annonce la plus importante est venue. Il s’agit de la fixation de la date du scrutin avant la fin du mandat du président de la République en exercice.
Élection sur fond de crise
Conséquence immédiate de cette annonce, l’ancien premier ministre et candidat du camp au pouvoir a été libéré de ses fonctions pour pouvoir battre campagne. Amadou Ba « a été libéré de ses charges pour s’occuper à temps plein de sa campagne », précise un communiqué de la présidence. L’ancien ministre de l’intérieur, Seddiki Kabba, a été chargé de former un nouveau gouvernement. Dans le même temps, le premier tour de l’élection a été fixé au 24 mars. Une date qui reste incertaine, car, dans la foulée, le Conseil constitutionnel a quant à lui décidé de la date du 31 mars. Pour le président du groupe parlementaire de la majorité, c’est la preuve que les institutions du Sénégal fonctionnent correctement.
Cette décision marque en effet, un nouveau tournant dans la vie politique du Sénégal. Le Conseil constitutionnel refuse que soit revue la liste des candidats à l’élection présidentielle, que la haute instance avait elle-même publiée. Karim Wade, le fils du président Abdoulaye Wade et leader du Parti démocratique sénégalais (PDS), apparaît comme un des grands perdants de cette décision. Après avoir été éliminé pour avoir renoncé trop tardivement à sa nationalité française, il espérait réintégrer la course à la magistrature suprême.
Campagne électorale hésitante
La campagne électorale a officiellement débuté samedi 9 mars 2024. Elle est réduite par la force des choses de trois à deux semaines. Elle débute samedi 8 mars et s’achèvera le 22 mars à minuit. Elle se tiendra en grande partie pendant le mois de jeûne musulman. Au total, 18 hommes et une femme se présentent au premier tour de l’élection. Tous briguent un premier mandat. Un premier rassemblement public a été organisé à Dakar, la capitale, par l’un des 19 candidats en lice.
Khalifa Sall, l’un des principaux candidats au scrutin et ancien maire de Dakar, a entamé peu après 17H00 samedi, une tournée de plusieurs quartiers de la capitale. Quelques centaines de sympathisants, qui avaient patiemment attendu son arrivée dans une ambiance festive, aux sons de percussionnistes et de chansons l’ont accueilli dans un joyeux vacarme, sous les applaudissements.
La coalition du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, qui entame la course à la présidence derrière les barreaux, prévoit elle aussi une « caravane » à Dakar plus tard dans l’après-midi, après la présentation de son programme à la presse. Détenu depuis avril 2023, il peut espérer bénéficier de la loi d’amnistie adoptée dans l’effervescence des dernières semaines et portant sur les violences commises lors de plusieurs épisodes de contestation meurtrière depuis 2021. Son éventuelle sortie de prison, voire celle de son chef Ousmane Sonko, réputé plus charismatique mais également emprisonné et disqualifié de la présidentielle, pourrait électriser la campagne de leur camp
Le candidat du camp présidentiel, Amadou Ba, a dit viser une victoire dès le premier tour. Auparavant, il a procédé à la passation de pouvoir avec son successeur au poste de Premier ministre, Sidiki Kaba, nommé mercredi à sa place à la faveur d’un remaniement ministériel pour lui permettre de faire campagne. L’ex-Premier ministre Idrissa Seck est également cité comme un prétendant. Mais personne n’est assuré d’être au second tour. Malgré le lancement de cette campagne, l’incertitude plane toujours sur la tenue du scrutin. La seule chose qui est plus ou moins sûr, c’est que le 02 avril, le mandat de Macky Sall prend fin.
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