,

Cinéma au Bénin: ‹‹ les réalisateurs font de moi ce qu’ils veulent ››, dixit Éliane Chagas

Eliane Chagas. Photo : DR

Comme tous les domaines, les métiers du cinéma ont aussi leurs implications. Pour être un bon acteur, il est essentiel d’être en mesure de jouer n’importe quel rôle qui n’est pas forcément en lien avec sa personnalité réelle. Interview avec Éliane Chagas, une actrice béninoise appartenant à la génération vieillissante du cinéma béninois.

Veuillez vous présenter:

Mon nom, c’est Eliane Chagas. Je suis comédienne et présidente de l’Espace Chaslie-Théâtre qui, autrefois situé à Cotonou, a été délocalisé à Allada. Il est spécialisé dans l’art et la culture. Cet espace existe depuis 1998 et a été enregistré en 2000.

Publicité

Qu’est-ce qui vous a motivé à opter pour le cinéma ?

J’avais commencé par le théâtre. J’ai fait l’école des religieuses de l’Église catholique. À quatre ans déjà, je montais sur scène. On montait des sketchs avec les maîtresses, pour les fêtes de fin d’année ou pour l’anniversaire d’un prêtre ou d’une sœur religieuse. C’est comme ça que j’ai commencé petitement. Et après, j’ai pris goût à la chose. Et j’ai commencé à créer de petits sketchs pendant les vacances pour mon anniversaire qui est en même temps l’anniversaire de ma grand-mère. Et il y avait déjà une fête qui se faisait les 22 juillet avec les Marie-Madeleines. On est nombreux à porter cette date de naissance. Donc nos parents organisaient déjà une fête entre eux. Et cette fête se faisait à tour de rôle chez chacune de nous. C’est-à-dire que si on fête cette année chez une Marie-Madeleine, l’autre année, c’est chez une autre Marie-Madeleine, et ainsi de suite. Quand j’avais grandi un peu, ma pierre à l’édifice était de monter des sketchs avec mes frères et cousins. Je m’amusais à le faire sans savoir que c’était déjà une carrière. Quelques années plus tard, pour me permettre de développer mon talent, le chef de ma famille m’a mise en contact avec le metteur en scène Hyppolite da Silva. C’est la découverte de l’art théâtral au Centre culturel français de Cotonou. Dans mon cheminement, j’ai croisé d’autres créateurs et metteurs en scène comme Dadélé Antoine, Ousmane Alédji, Tola Koukoui, Alougbine Dine, Georges Mboussi, Emmanuel Daumas, Bénédicte De Ryck et autres pour des rôles aussi divers que variés dans plusieurs pièces théâtrales.

Quelles sont le difficultés auxquelles vous avez été confrontée tout au long de votre carrière ?

Dans un premier temps, je louchais. Et ça me faisait rater des contrats. Ce qui m’a particulièrement marquée, c’est qu’il y avait une Française qui était venue pour un documentaire. J’ai participé au casting. On a vu que j’étais le personnage qu’il faut. Mais je n’ai pas été sélectionnée pour des raisons esthétiques. J’étais à l’écoute et on ne m’avait même pas informée que j’ai été écartée pour telle ou telle raison. C’est après et par d’autres personnes que j’ai appris qu’une autre a finalement été sélectionnée à ma place. Mais par la grâce de Dieu, j’ai subi une intervention chirurgicale qui a corrigé ce problème.

Quand vous faites le point de vos premiers pas dans le cinéma, quelle appréciation faites-vous de votre carrière ?

Moi, je ne suis jamais satisfaite. Je continue toujours d’apprendre et je cherche toujours à m’améliorer. Mais il y a quand même beaucoup de personnes qui aiment ce que je fais. Et je rends grâce à Dieu.

Quels types de personnages incarnez-vous souvent ?

Les réalisateurs ou metteurs en scène font de moi ce qu’ils veulent. Je fais tout ce qu’on me donne comme personnage. J’ai même eu à jouer le rôle de folle et aussi de prostituée. Les personnages que j’incarne n’ont pas forcément de rapport avec ma personnalité.

Publicité

Quelle est votre appréciation du cinéma béninois ?

Je vois qu’il y a eu beaucoup d’amélioration. Beaucoup de choses ont été faites et la jeunesse ne baisse pas les bras. Il y a donc de l’avenir pour ce secteur au Bénin.

Si c’était à refaire, auriez-vous toujours choisi le cinéma ?

J’aurais absolument opté pour le cinéma. Je ne sais faire que ça. C’est dans le cinéma que je me retrouve.

Citez-nous quelques distinctions que vous avez reçues.

J’ai eu deux prix  »Agodjié ». J’ai reçu le prix Meilleure comédienne du Fiteb. Je suis allée en Côte d’Ivoire pour recevoir le prix des femmes battantes dans le domaine du cinéma en Afrique de l’Ouest. J’ai eu le prix Bénin Golden Award.

Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes qui font leurs premiers pas dans le cinéma ?

Je dirai aux jeunes de s’appliquer, de prendre au sérieux ce qu’ils font et de persévérer.

Quel est votre message à l’endroit du gouvernement relativement au cinéma ?

Je demanderai au gouvernement de mettre à disposition du cinéma béninois les moyens qu’il faut. Les gens font d’énormes efforts, mais sont bloqués par les moyens pour la réalisation. Le financement pose vraiment un problème. Que le gouvernement soutienne ce qui se fait. Sinon, c’est pénible.

Citez-nous quelques films dans lesquels vous avez joué.

J’ai joué dans  »Pioun Pioun tché » et  » Le panthéon de la joie » de Jean Odoutan.  » Un coq pour la basse-cour », d’Ignace Yétchénou, le film  »Adou » avec Gangan production et récemment dans  »Black Santiago club ». Là, j’ai été sélectionnée pour les séries de Marodie. Nous avons participé au casting et ça va commencer bientôt.

Une réponse

  1. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    « une actrice béninoise appartenant à la génération vieillissante » C’est élégant

    \\\\.///
    (@_@)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité