Togo: ce que l’on sait de l’expulsion manu militari du journaliste français Thomas Dietrich

Thomas Dietrich (Photo Facebook)

Face à la pression montante et dans un contexte de défiance croissante, le président togolais Faure Gnassingbé a été contraint d’ordonner une seconde lecture de la nouvelle Constitution qui prévoit le passage à un régime parlementaire. Cette démarche, plutôt vue comme une nécessité pour apaiser les tensions, n’a pas dissipé les inquiétudes de l’opposition, qui redoute toujours des manipulations du pouvoir pour maintenir son emprise.

Dans ce climat politique agité, Thomas Dietrich, un journaliste français, a traversé la frontière entre le Bénin et le Togo dans la nuit du 10 au 11 avril. Bien qu’il n’ait pas réussi à obtenir une accréditation de journaliste, il était muni d’un visa professionnel officiel, avec l’espoir d’obtenir l’accréditation nécessaire une fois sur place. Cependant, ses démarches ont rapidement tourné court.

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Après avoir publié une vidéo sur X, expliquant la situation politique du Togo, qui a connu un large écho avec près de 200000 vues, Dietrich a tenté de se rendre à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication togolaise pour officialiser sa présence en tant que journaliste. C’est à sa sortie de cette institution, le 15 avril, que les ennuis ont commencé pour lui. Il a été intercepté par des policiers cagoulés qui l’ont emmené de force et soumis à un interrogatoire.

Selon ses dires, les autorités ont rapidement monté un dossier contre lui, l’accusant d’avoir insulté le président Gnassingbé dans un premier temps, un prétexte pour justifier son arrestation. Le lendemain, le 16 avril, Dietrich a été jugé lors d’une procédure qu’il juge expéditive où il a été accusé d’ »entrée illégale sur le territoire« . Il a été condamné à six mois de prison avec sursis, à une amende, et a été expulsé du Togo, avec une interdiction de retour de cinq ans.

En France, Aurélien Saintoul, député des Hauts-de-Seine, s’est exprimé sur le manque de réactivité du Quai d’Orsay face à la situation, dénonçant un manque de soutien efficace au journaliste. Le ministère des Affaires étrangères a répondu en affirmant avoir suivi l’affaire de près et communiqué toutes les informations nécessaires aux parties concernées.

Pour rappel, dans un réquisitoire cinglant contre le président Faure Gnassingbé, Nathaniel Olympio, leader du Parti des Togolais, a exprimé de graves préoccupations via Twitter concernant les modifications unilatérales apportées à la Constitution togolaise. Il accuse le gouvernement de compromettre la stabilité du pays en n’incluant pas le peuple dans ce processus crucial, décrivant ces actions comme un « coup d’État constitutionnel« . L’opposition, sous sa houlette, a intensément réagi à ces changements, perçus comme une manœuvre pour consolider le pouvoir présidentiel au détriment de la démocratie. Ce mécontentement a donné naissance au collectif « Touche pas à ma constitution », dirigé par Olympio, qui vise à empêcher la mise en œuvre de la nouvelle constitution, arguant qu’elle menace l’équilibre démocratique du Togo.

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