Après une tentative réprimée il y a quelques jours, les travailleurs béninois sont descendus dans les rues de Cotonou, le samedi 11 mai 2024. Comme l’avaient annoncé les centrales syndicales, il s’agissait de manifester contre la cherté de la vie mais aussi le recul démocratique et la limitation des libertés fondamentales.
Au cours de cette marche, la gouvernance de Patrice Talon a été fortement critiquée et décriée par les acteurs sociaux. «La cherté excessive de la vie au Bénin n’est pas seulement due au contexte international. Elle est d’abord et avant tout la résultante de plusieurs facteurs internes dont la mal gouvernance instaurée depuis 2016 corroborée par une politique fiscale qui écrase les populations». C’est l’une des mentions faites par les responsables syndicaux dans leur declaration, mettant au banc des accusés la gouvernance de Patrice Talon.
Les travailleurs convoqués par la Confédération des syndicats autonomes du Bénin, la Confédération générale des travailleurs du Bénin, l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin, et la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (COSI-Bénin) ont marché pacifiquement, dans les rues de Cotonou samedi dernier après l’initiative du 27 avril dernier qui a échoué du fait de la répression policière pour défaut d’autorisation.
Avec pour objectif de protester contre la vie chère, la remise en cause des acquis sociaux, la mal gouvernance et les nombreuses réformes aux effets dévastateurs sur la qualité de vie du peuple béninois, cette marche a tôt fait de devenir une tribune de critique ouverte sur la gouvernance du Bénin depuis 2016. On pouvait lire sur l’une des pancartes, « ensemble disons non à la cherté de la vie et oui à de meilleures conditions de vie et de travail pour toutes et tous ».
Dans la motion lue à l’issue de cette marche, les manifestants ont déploré le silence des autorités politiques du pays face à la « cherté excessive de la vie ». Selon eux, la vie chère que traverse le Bénin découle principalement de la mal gouvernance et de la politique fiscale mise en œuvre par le gouvernement de Patrice Talon. Ils ont fait observer que la pauvreté bat son plein et que 80% des Béninois vivent en dessous du seuil de pauvreté, malgré les chiffres annoncés par le gouvernement sur le plan international. «La conséquence de la politique fiscale asphyxiante est l’explosion du taux de pauvreté au Bénin. Huit Béninois sur 10 vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté selon une enquête d’Afro baromètre publiée en 2022», révèlent les responsables syndicaux.
Face à cette situation qui ne fait que s’empirer de jour en jour, les travailleurs n’ont pas caché au chef de l’État leur désarroi. «Ça ne va pas. Monsieur le Président, si vous ne le saviez pas, désormais, c’est chose faite, vos compatriotes vont mal, très mal. Oui, ils n’en peuvent plus, ils ne supportent plus. Ils sont fatigués », rapporte la motion des syndicats. « La cherté excessive de la vie, la politique fiscale asphyxiante du gouvernement, l’effritement vertigineux et continu du pouvoir d’achat, le sous-emploi et le chômage devenus endémiques, les barbaries et bavures policières, l’inflation législative avec au compteur des lois crisogènes, scélérates et réductrices des libertés individuelles et collectives, les salaires et revenus de misère, la précarité de l’emploi », sont des choses dénoncées au cours de cette marche pacifique.
En conséquence, les travailleurs exigent que des « mesures adéquates et à impact immédiat » soient prises pour juguler la crise de la pauvreté galopante au Bénin. Ils réclament aussi « l’ouverture sans délai d’un dialogue franc, sincère et producteur de résultats concrets en liens avec les revendications des travailleurs, les aspirations profondes du peuple, et l’organisation sans délai d’une conférence sur la gouvernance sociale et les mécanismes de dialogue social adaptés aux défis d’un mieux être partagé au Bénin ».
Ils exigent aussi « la libération sans conditions des 21 détenus suite à la marche du 1er mai 2024 et la réintégration des 20 dockers radiés le 09 mai 2017 pour fait de grève ». Les travailleurs n’ont pas manqué de préciser dans leur déclaration que la marche pacifique « sera renouvelée autant de fois qu’il sera nécessaire pour changer la gouvernance en faveur de la masse laborieuse ».
Des informations qui nous sont parvenues, le gouvernement a convoqué une rencontre avec les responsables syndicaux pour le 23 mai 2024. Pourvu qu’à partir de cette rencontre, quelque chose change pour l’amélioration des conditions de vie et de travail au Bénin. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp en cliquant sur ce lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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