Energie au Maghreb: cette région fait face à des défis pour réaliser ses ambitions

Photo de Biel Morro sur Unsplash

Le Maroc, reconnu pour ses ambitions audacieuses en matière de développement des énergies renouvelables, traverse une période de turbulences qui suscite des interrogations. Depuis 2009, le royaume a lancé un vaste programme visant à tirer parti de ses ressources naturelles, notamment le soleil et le vent, pour atteindre l’autosuffisance énergétique. Toutefois, la dynamique semble aujourd’hui marquer le pas, particulièrement dans le secteur de l’énergie solaire.

L’inauguration en 2018 de la centrale solaire Noor Ouarzazate III représentait un jalon clé de cette stratégie. Utilisant la technologie CSP (concentrated solar power), cette installation avait pour objectif de produire de l’électricité de manière efficace et de contribuer significativement à la production énergétique du pays. Cependant, cette centrale, majoritairement détenue par le groupe saoudien Acwa Power, avec une participation de 25 % de la société publique marocaine Masen, est actuellement à l’arrêt. En mars dernier, une fuite dans le réservoir de stockage de « sels fondus » a été signalée, paralysant la production pour une durée estimée à huit mois. Les pertes financières prévues s’élèvent à 47 millions de dollars.

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Malgré l’impact financier conséquent, les experts, comme Amin Bennouna, professeur de physique et spécialiste en énergie, estiment que cet arrêt ne devrait réduire la production électrique nationale que de 0,9 % en 2024. Cependant, cette situation met en lumière des failles dans les choix technologiques effectués. En 2020, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait déjà exprimé des réserves sur l’utilisation de la technologie CSP, jugée coûteuse comparée au photovoltaïque et à l’éolien, et donc moins justifiable à long terme.

La panne de Noor Ouarzazate III a ravivé les débats sur la stratégie énergétique du Maroc. Alors que le pays s’était fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 42 % de production d’énergies renouvelables en 2020, ce seuil n’a jamais été franchi, plafonnant à 37 %. Le charbon demeure la principale source de production d’électricité, révélant un écart entre les ambitions et les réalisations concrètes.

Face à ces défis, le Maroc a révisé ses objectifs, visant désormais 52 % d’énergies renouvelables d’ici 2030. Les autorités et les experts estiment que, malgré les récents obstacles, le secteur arrive à maturité et que la mise en service des projets s’accélère, ce qui permettrait de réaliser ces nouvelles ambitions. Amin Bennouna souligne que la stratégie initiale, bien que visionnaire, n’était peut-être pas alignée avec les moyens techniques et financiers disponibles à l’époque.

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