Au Maroc, la question de l’avortement demeure un sujet brûlant, reflétant les tensions entre tradition conservatrice et réalités contemporaines. Le pays, profondément enraciné dans des valeurs conservatrices, considère l’avortement comme une pratique illégale, n’autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) que lorsque la vie de la femme est en danger. Cette stricte législation pousse de nombreuses jeunes filles désenchantées à l’idée de devenir mères à recourir à des méthodes clandestines et souvent dangereuses pour interrompre leur grossesse.
La loi marocaine est sévère en matière d’IVG. Une femme qui avorte illégalement risque une peine de six mois à deux ans de prison. Quant à la personne qui l’assiste dans cet acte, elle s’expose à une peine allant de un à cinq ans d’emprisonnement, cette peine étant doublée si la patiente décède. Cette situation conduit de nombreuses femmes à chercher des solutions en dehors du cadre légal, exposant ainsi leur santé et leur vie à de grands risques.
Les réseaux sociaux sont devenus un terrain fertile pour le trafic de pilules abortives. Des individus y proposent des comprimés contenant du misoprostol, une substance qui provoque des contractions utérines et l’expulsion de l’embryon. Les médicaments en question, Artotec et Cytotec, sont initialement destinés à traiter les rhumatismes et les ulcères, mais ils ont été détournés de leur usage médical pour servir à des IVG clandestines. Retirés de la vente au Maroc en 2018 pour cette raison, ils continuent néanmoins de circuler illégalement, importés ou volés dans des hôpitaux, puis revendus à des prix exorbitants.
Ce marché noir des pilules abortives pose de graves problèmes de santé publique. Sans suivi médical approprié, l’usage de ces médicaments peut entraîner des complications sévères, mettant en danger la vie des femmes qui y ont recours. Malgré les interdictions, la demande persiste, révélant une crise latente et la nécessité d’un débat ouvert sur la législation et les droits reproductifs au Maroc. Selon les chiffres livrés par l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin, 600 à 800 IVG seraient réalisées clandestinement chaque jour.
La situation met en lumière un besoin urgent de réformes. Les partisans de la légalisation de l’avortement en appellent à des mesures plus humanitaires et adaptées aux réalités contemporaines. Ils plaident pour une approche qui considère la santé et le bien-être des femmes, plutôt que de les criminaliser pour des choix souvent dictés par des circonstances désespérées.
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