Succès Masra, leader du parti Les Transformateurs et ancien Premier ministre du Tchad, s’est fermement repositionné comme opposant suite aux résultats controversés de la récente élection présidentielle. Précédemment, Masra avait été nommé Premier ministre par Mahamat Idriss Déby, quatre mois avant le scrutin, dans un geste qui semblait intégrer des voix d’opposition dans le processus de transition. Cette nomination surprenante a suscité des interrogations sur les véritables intentions de Déby, certains y voyant une tentative de légitimation de son régime en coopérant avec une figure de l’opposition.
Suite à cette période de collaboration, Masra a revendiqué une victoire dès le premier tour, fondée sur des résultats compilés par ses partisans. Cependant, les chiffres officiels le plaçaient loin derrière Déby, avec 18,53 % des voix contre 61,03 % pour le président de transition. Déçus par ces résultats, Masra et son parti ont rapidement déposé une requête auprès du Conseil constitutionnel, exigeant l’annulation du scrutin, qu’ils ont qualifié de « mascarade électorale ».
Peu après l’annonce des résultats officiels, les Transformateurs ont soutenu leur contestation avec des preuves présumées de fraudes, incluant des vidéos de bourrage d’urnes et de manipulation des votes. Cette démarche visait à démontrer que le processus électoral avait été entaché d’irrégularités significatives, rendant le résultat final peu fiable selon eux.
Le contexte électoral a été marqué par des tensions croissantes, avec l’arrestation de soixante-seize individus le jour du vote, accusés de fabrication de fausses cartes d’accès aux bureaux de vote. Ces arrestations, dénoncées comme arbitraires par le parti de Masra, ont exacerbé les frustrations et mis en lumière les défis auxquels l’opposition est confrontée dans un environnement politique répressif.
L’élection devait initialement conclure une transition militaire de trois ans, amorcée après la mort d’Idriss Déby Itno, père du président actuel, tué par des rebelles en 2021. Cette transition a été perçue par de nombreux observateurs comme une formalité destinée à conserver le pouvoir au sein de la famille Déby, mettant en doute la transparence et la légitimité du processus électoral.
L’opposition, souvent réprimée, a critiqué Masra pour avoir accepté le poste de Premier ministre, le voyant comme un complice dans un processus qu’elle jugeait illégitime. Ce revirement de Masra, passant d’un collaborateur potentiel à un fervent critique, souligne les complexités et les défis de la démocratie et de la gouvernance au Tchad, exacerbés par des accusations de manipulation électorale et de répression politique.
Les résultats définitifs de l’élection, attendus au plus tard le 23 mai, détermineront si la contestation de Masra apportera des changements significatifs ou si le statu quo sera maintenu, laissant les aspirations démocratiques de la nation sahélienne en suspens.
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