Afrique : la BAD veut une agence de notation africaine

Akinwumi Adesina (REUTERS/Emilie Madi)

Lors des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui se sont tenues le 31 mai 2024 à Nairobi, une proposition ambitieuse a été mise en avant : la création d’une agence de notation financière propre à l’Afrique. Cette initiative, soutenue par le président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, vise à libérer le continent du joug des trois grandes agences de notation internationales – Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s – souvent critiquées pour leur manque de compréhension des réalités africaines.

En effet, les notations actuelles fournies par ces agences sont fréquemment jugées inéquitables, ce qui se traduit par des coûts de financement exorbitants pour les pays africains. M. Adesina a souligné que ces évaluations biaisées coûtent au continent plus de 75 milliards de dollars en service de la dette, une somme qui pourrait être réorientée vers des projets de développement socioéconomique.

Publicité

La création d’une agence de notation africaine répondrait à la nécessité d’une évaluation financière plus juste et adaptée aux spécificités des économies locales. Contrairement à une concurrence frontale avec les agences internationales, cette nouvelle institution ambitionne d’instaurer une culture d’évaluation qui tient compte des réalités propres à l’Afrique. Cela inclurait des facteurs souvent négligés comme les richesses naturelles et vertes du continent, telles que les forêts et le stockage du carbone, pour offrir une image plus fidèle de la véritable santé économique des pays africains.

Cependant, la mise en place de cette agence ne sera pas sans défis. Parmi les obstacles identifiés, on compte les biais potentiels dans la sélection des critères de notation et la disponibilité des données économiques fiables. Malgré cela, les gouverneurs de la BAD ont manifesté un soutien ferme à cette initiative, en soulignant l’importance d’une telle agence pour renforcer l’autonomie financière de l’Afrique.

Dans le même esprit de renforcement des capacités financières, la BAD a annoncé une augmentation substantielle des ressources financières « appelables » de l’institution, passant de 201 milliards à 318 milliards de dollars. Cette augmentation est destinée à mobiliser davantage de liquidités pour répondre aux besoins croissants de financement des projets de développement à travers le continent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité