Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Niger vient de poser un acte significatif dans la réorganisation de son secteur minier. En effet, le gouvernement a annulé le permis d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren, détenue par la société française Orano. Ce geste marque une étape cruciale dans les relations franco-nigériennes, déjà tendues suite à un coup d’État militaire qui a vu le Niger s’éloigner progressivement des influences extérieures. La France, présente depuis des décennies dans l’exploitation de l’uranium nigérien, se retrouve ainsi contrainte de revoir ses stratégies dans la région.
Contexte de la décision
Le coup d’État de juillet 2023 au Niger a été un tournant dans la politique énergétique et minière du pays. Les nouvelles autorités militaires ont clairement manifesté leur volonté de reprendre en main les ressources naturelles, critiquant les accords précédemment conclus avec des entreprises étrangères, notamment françaises. La révocation du permis d’exploitation d’Orano s’inscrit dans cette démarche de souveraineté nationale, visant à rééquilibrer les bénéfices tirés des richesses naturelles.
Orano avait pourtant relancé récemment des activités sur le site d’Imouraren, en réponse à une sollicitation des autorités pour exploiter ce gisement considéré comme l’un des plus grands au monde avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Malgré la hausse favorable des cours de l’uranium, qui rendait l’exploitation de nouveau viable économiquement, le ministère des mines a exigé des progrès concrets dans les travaux d’exploitation sous peine de retirer le permis.
Orano, précédemment appelée Areva, opère depuis longtemps au Niger, notamment à travers la mine de Somaïr. Le groupe avait prévu de mobiliser plusieurs centaines de personnes pour relancer Imouraren. Cependant, malgré l’ouverture des infrastructures le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes et avancer les travaux, la décision du 20 juin du gouvernement nigérien de retirer le permis a été un coup dur.
La réaction d’Orano ne s’est pas fait attendre : tout en prenant acte de la décision, la société a évoqué la possibilité de contester cette mesure devant les instances judiciaires compétentes. Elle a également exprimé son désir de maintenir ouverts les canaux de dialogue avec le Niger.
Implications économiques et politiques
Ce retrait de permis ne se limite pas à un simple différend entre une entreprise et un État. Il reflète une dynamique plus large dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, où le désir d’indépendance économique devient de plus en plus prégnant. Le Niger, second fournisseur d’uranium pour l’Europe après le Kazakhstan, joue une carte stratégique importante en cherchant à contrôler davantage ses ressources.
L’issue de cette confrontation pourrait redéfinir non seulement les relations franco-nigériennes mais aussi la manière dont les ressources naturelles sont gérées en Afrique. Le Niger pourrait soit bénéficier d’une plus grande autonomie et de retombées économiques améliorées, soit faire face à des défis économiques si les investissements étrangers diminuent en réponse à des politiques jugées instables ou imprévisibles. Cet événement pourrait également encourager d’autres nations africaines à suivre le même chemin, redessinant ainsi le paysage géopolitique et économique de la région.
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