L’Algérie, le Nigeria et le Niger font des progrès significatifs dans la construction d’un corridor énergétique majeur. Récemment, le Nigeria a fait savoir que la majorité de sa section du gazoduc serait terminée d’ici le premier trimestre 2025. S’étendant sur 614 km de Ajaokuta à Kaduna et jusqu’à Kano, cette section est essentielle, Kano représentant un point névralgique près de la frontière avec le Niger. Le ministre nigérian de l’énergie a souligné l’importance de cette avancée, qui, une fois le gazoduc de 4128 km achevé, permettra de transporter annuellement jusqu’à 20 milliards de mètres cubes de gaz nigérian vers l’Algérie et, de là, vers les marchés européens. Cette initiative devrait également stimuler l’économie des régions nordiques du Nigeria en leur fournissant un accès stable au gaz naturel.
La dépendance européenne envers les énergies russes, qui s’élève à environ 40 % pour le gaz et un tiers pour le pétrole, a longtemps été une préoccupation sécuritaire et économique majeure pour l’Union européenne, surtout dans le contexte des tensions géopolitiques récentes, telles que la crise en Ukraine et l’invasion de la Géorgie par la Russie. Ces événements ont accentué la nécessité de diversifier les sources d’énergie du bloc pour renforcer sa sécurité énergétique.
Dans cette optique, le commissaire européen à l’énergie, Andris Piebalgs, a exprimé un intérêt marqué pour le projet de gazoduc transsaharien, qui relie le Nigeria à l’Algérie via le Niger. Le gazoduc, qui améliorerait non seulement la sécurité énergétique mais aussi les perspectives économiques des régions de transit en Afrique, a été présenté comme un moyen de réduire le flux migratoire vers l’Europe.
« Le développement d’un projet transsaharien avec 20 milliards de mètres cubes par an qui pourraient arriver en Europe d’ici 2015 et augmenter la sécurité d’approvisionnement du Nigeria lui-même et des pays qu’il traverse en fait un projet très intéressant pour le Nigeria et l’Europe, » a déclaré Piebalgs.
Le Nigeria, possédant les septièmes plus grandes réserves de gaz prouvées au monde, joue un rôle crucial dans ce schéma, bien qu’il ait été confronté à des défis pour développer pleinement son industrie gazière due à un manque de financement et de régulation adéquate. En plus, comme le rappelle M. Piebalgs, des plans sont en place pour doubler la production de pétrole du Nigeria à 4 millions de barils par jour, ce qui pourrait également contribuer à stabiliser les prix mondiaux du pétrole et ainsi soulager l’Europe.
La construction de ce gazoduc n’est pas seulement une question de sécurité énergétique pour l’Europe ; elle représente également une opportunité économique significative pour les pays africains impliqués. En connectant directement les marchés africains et européens, le gazoduc peut favoriser une intégration économique plus poussée et offrir une nouvelle voie de développement pour les régions traversées.
L’implication croissante de grandes puissances énergétiques, telles que Gazprom en Russie, qui a également signé un accord pour développer les exportations de GNL vers l’Amérique du Nord depuis le Nigeria, souligne l’importance stratégique de cette région et ses ressources naturelles sur l’échiquier mondial. Toutefois, les progrès du Nigeria et de ses partenaires dans le projet de gazoduc transsaharien témoignent de leur engagement envers une diversification énergétique qui pourrait remodeler les dynamiques régionales et globales dans les années à venir.
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