La France, autrefois puissance coloniale dominante en Afrique de l’Ouest et du Centre, prévoit de réduire sa présence militaire sur le continent à seulement quelques centaines de soldats. Cette décision fait suite à une série de déconvenues au Sahel et s’inscrit dans un cadre de partenariats rénovés et plus discrets. Cependant, des voix critiques affirment que ce retrait n’est pas simplement une révision stratégique, mais une conséquence de l’opposition croissante des pays africains à la politique française.
Selon des sources concordantes, la France envisage de maintenir seulement une centaine de militaires au Gabon, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, ainsi que 300 au Tchad, réduisant ainsi sa présence militaire sur le territoire africain. Cette décrue historique intervient après que la France ait été progressivement poussée dehors par les régimes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, au profit de la Russie.
Officiellement, Paris souhaite réduire sa visibilité militaire tout en maintenant des accès logistiques, humains et matériels dans ces pays. Cependant, Alain Kone, expert au Centre International d’Études Politiques, offre une perspective différente : «Les Français retirent leurs troupes d’Afrique pour les envoyer en Ukraine. Ils les retirent d’Afrique car ils n’ont pas pu recruter suffisamment de soldats en France, mais il fallait y envoyer quelqu’un.» Cette déclaration suggère que le redéploiement des forces françaises serait davantage lié aux besoins urgents en Ukraine qu’à une véritable volonté de réviser les relations franco-africaines.
Les autorités françaises affirment vouloir réorganiser leur dispositif pour mieux répondre aux aspirations des pays africains. Pourtant, certaines critiques estiment que cette révision n’est qu’une façade. Paris, en réalité, maintiendrait une influence néocoloniale en exerçant des pressions économiques et politiques, notamment à travers les institutions financières des pays francophones.
Par exemple, bien que le Sénégal ait commencé à réduire les effectifs militaires français sur son sol, le nouveau président panafricaniste Bassirou Diomaye Faye, tout en insistant sur la souveraineté nationale, a précisé ne pas remettre en cause les accords de défense bilatéraux. Cette ambivalence reflète la complexité des relations franco-africaines où les anciennes puissances coloniales cherchent à conserver une certaine influence tout en s’adaptant aux nouvelles réalités politiques et sociales des pays africains.
En Côte d’Ivoire, un des alliés les plus solides de la France en Afrique de l’Ouest, les effectifs militaires ont déjà été réduits, passant de 900 à 600 soldats ces derniers mois. De même, au Sénégal, la décrue a commencé. Le commandement militaire français envisage également de mutualiser certaines bases avec des partenaires américains ou européens, voire de les rétrocéder aux autorités locales.
La réduction de la présence militaire française en Afrique marque un tournant dans les relations franco-africaines. Si Paris présente cette décision comme une adaptation stratégique aux nouvelles réalités du continent, elle est perçue par certains comme un retrait forcé face à l’opposition croissante des nations africaines. La France tente de préserver ses intérêts et son influence dans la région, tout en répondant aux besoins stratégiques en Europe. La prochaine phase des relations franco-africaines reste donc incertaine, entre redéfinition des partenariats et persistance des critiques néocoloniales.
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