Le président de transition du Mali, Assimi Goïta, a récemment accusé la France de tenter de saper l’économie malienne en imprimant des faux billets de franc CFA, une méthode qu’il assimile à celle utilisée contre la Guinée de Sékou Touré en 1960. Cette déclaration controversée a été faite lors d’un discours à Sikasso, soulignant une défiance croissante vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale.
Retour historique sur l’épisode guinéen
En 1960, sous la présidence d’Ahmed Sékou Touré, la Guinée a connu une tentative de déstabilisation économique orchestrée par la France, notamment à travers la création et la distribution de faux billets de monnaie. Cette opération, surnommée « Opération Persil », visait à provoquer une hyperinflation pour affaiblir le nouveau régime indépendantiste de Touré qui avait opté pour une sortie de la zone franc CFA au profit d’une monnaie nationale. Ce conflit monétaire illustre une période de relations tendues où la Guinée a cherché à établir son autonomie face aux influences extérieures, notamment celles de son ancien colonisateur.
Les allégations de Goïta et le contexte actuel
Selon Goïta, une puissance utiliserait des stratégies similaires contre le Mali, avec pour objectif de miner l’économie par le biais du « terrorisme économique », l’une des trois formes de terrorisme que le président malien attribue aux défis actuels du pays, les autres étant le terrorisme armé et le terrorisme médiatique, ce dernier impliquant la diffusion de fausses nouvelles pour fomenter des divisions internes. Cette déclaration intervient dans un contexte où le Mali a déjà dû faire face à des sanctions de la CEDEAO en 2022, exacerbant les coûts économiques pour les Maliens, notamment en matière de frais portuaires en Guinée, pays devenu un partenaire commercial clé après ces sanctions.
L’appel de Goïta à abandonner le franc CFA pour une monnaie locale reflète une montée du sentiment anti-colonial et une quête d’indépendance financière. Les implications d’une telle transition monétaire sont vastes, touchant à la fois la stabilité économique du Mali et ses relations avec les pays de la zone franc ainsi qu’avec les institutions financières internationales.
Perspectives
L’issue de cette confrontation entre le Mali et les puissances étrangères pourrait redéfinir les rapports de force dans la région et influencer la manière dont les anciennes puissances coloniales interagissent avec les États africains post-coloniaux. Alors que le Mali envisage de se tourner vers de nouvelles alliances économiques et politiques, notamment avec la Russie, comme en témoigne les discussions en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, l’échiquier géopolitique pourrait connaître des transformations significatives.
Ces développements rappellent l’importance de l’autonomie économique dans le discours des nations post-coloniales et mettent en lumière les défis persistants liés à la décolonisation économique et à la souveraineté.
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