Des délégations du gouvernement Talon sillonnent tout le pays actuellement dans le cadre d’une tournée gouvernementale de reddition de compte aux populations. Seulement, le moment choisi se révèle un peu critique au regard de la situation sociale plus ou moins tendue depuis quelques semaines. On se demande si ce n’est pas un mauvais casting du régime de la Rupture.
Les 77 communes du Bénin ont accueilli les délégations gouvernementales, mais aussi les responsables de partis politiques soutenant les actions du régime de la Rupture. Leur mission, c’est d’exposer aux populations les réalisations du gouvernement de Patrice Talon et déconstruire ce qu’ils ont appelé par endroit les intoxications (si intoxication il y a), pour rétablir la vérité (s’il y en une autre que celle que les Béninois vivent au quotidien).
Seulement, ce périple gouvernemental intervient à un moment critique et de fronde sociale. En effet, les populations béninoises gardent encore les séquelles de la répression policière, parfois sauvage, suite au non-respect des prescriptions du code de la route. La cherté de la vie reste d’actualité et les syndicats n’ont pas encore digéré l’interdiction de leurs différentes manifestations ainsi que l’arrestation et même la condamnation de certains militants syndicaux pour qui on aurait découvert une substance prohibée dans l’urine. Les populations que les délégations du camp Talon sont allées rencontrer sont les mêmes qui sont victimes d’expropriation jugée de sauvage par une organisation de la Société civile le long de la Route des pêches ou encore celle chassées de leur maison dans la zone 4 de Togbin.
N’est ce pas un mauvais casting cette tournée ? Alors que les préoccupations actuelles sont centrées sur le dégel de la situation politique, la libération des prisonniers politiques et le retour au pays des exilés, c’est la reddition de comptes aux populations qui a été privilégiée par le régime de la Rupture après un peu plus de 3 ans de gouvernance au titre du second et dernier quinquennat de Patrice Talon. Même le timing de cette tournée soulève des interrogations. Dans quel cadre se situe-t-elle ? Il ne s’agit pas d’une tournée de fin de mandat. Et s’il s’agit de restituer la vérité pour que la dynamique puisse être maintenue comme le disent les ambassadeurs de Talon, alors il faudra encore une nouvelle tournée dans un peu plus d’un an pour rendre compte des deux dernières années de la gestion Talon pour convaincre les populations.
Enfin, cette action, actuellement en cours avait été qualifiée de tous les noms d’oiseau lorsque l’ancien président Boni Yayi et son gouvernement s’y adonnaient. Comment comprendre alors que quelques années plus tard, les mêmes qui ont critiqué la chose, la réalise dans des conditions encore moins appropriées que celles de l’époque ? Mais là ne se pose pas le problème. Il se pose au niveau de la période choisie pour cette tournée gouvernementale et aussi du mode de communication. Comme nous l’avons dit dans un précédent article, s’il s’agit d’une tournée gouvernementale de reddition de comptes aux populations. Les chefs de parti politiques, les députés et autres personnes qui ne représentent rien au sein du gouvernement ne devraient pas faire partie des délégations, encore moins prendre la parole au cours des séances de reddition de comptes.
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