Afrique : l’armée française change de mission dans ce pays

Armée française (Photo Frédéric Pétry/Hans Lucas via AFP)

Ces dernières années, plusieurs pays africains ont pris des mesures décisives pour affirmer leur souveraineté et redéfinir leurs relations avec les anciennes puissances coloniales. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont notamment exigé le départ des troupes françaises, marquant une volonté claire de s’affranchir d’une tutelle militaire étrangère perçue comme un vestige du colonialisme. Cette vague de changements reflète une Afrique en quête d’autonomie et de nouvelles alliances stratégiques, remettant en question l’hégémonie traditionnelle de la France sur le continent.

C’est dans ce contexte de transformation géopolitique que le Gabon, pays d’Afrique centrale, redéfinit ses relations avec la France. Le 9 juillet, une école d’administration militaire a été inaugurée dans l’enceinte de la base française de Libreville, symbole d’un supposé « nouveau partenariat » entre les deux nations. Mais au-delà des discours officiels, cette initiative soulève des questions cruciales pour l’avenir du Gabon et, plus largement, pour les relations afro-françaises.

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L’événement, présenté comme une avancée dans la coopération bilatérale, peut être interprété de diverses manières du point de vue gabonais et africain. D’un côté, la transformation de la base militaire française en un centre de formation pourrait offrir des opportunités de développement des compétences locales. De l’autre, cette évolution pourrait être perçue comme une tentative de la France de maintenir son influence sous une forme plus acceptable, sans pour autant renoncer à sa présence sur le sol gabonais.

Le camp de Gaulle à Libreville, l’une des dernières bases militaires françaises en Afrique, verra ses effectifs réduits de 350 à 200 soldats d’ici 2025. Cette réduction, bien que significative, soulève la question de la nécessité même d’une présence militaire étrangère permanente sur le sol africain. Les autorités gabonaises, sous la direction du général Brice Oligui Nguema, président de la transition arrivé au pouvoir en août 2023, font face au défi de naviguer entre le besoin de formation militaire et la préservation de l’indépendance nationale.

L’établissement d’une Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles sur le site illustre une prise en compte des enjeux spécifiques au continent. Cependant, il est légitime de se demander si ces initiatives ne pourraient pas être entièrement pilotées et développées par des experts africains, renforçant ainsi l’autonomie et l’expertise locale.

Le général Jean Martin Ossima Ndong, secrétaire général du ministère de la défense nationale gabonais, a souligné la nécessité d’adapter le partenariat avec la France « au contexte du jour ». Cette déclaration reflète une conscience aiguë des changements en cours sur le continent et de la nécessité pour les nations africaines de redéfinir leurs alliances internationales selon leurs propres termes.

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Pour le Gabon, comme pour d’autres pays africains, l’enjeu est de taille : comment bénéficier de partenariats internationaux tout en préservant sa souveraineté et en développant ses propres capacités ? La transformation de la base française en centre de formation mixte pourrait être un pas dans cette direction, mais elle ne doit pas occulter la nécessité d’un développement militaire et stratégique véritablement indépendant.

Cette évolution au Gabon s’inscrit dans un mouvement plus large de réaffirmation de l’identité et des intérêts africains sur la scène internationale. Alors que certains pays ont opté pour une rupture nette avec l’ancienne puissance coloniale, d’autres, comme le Gabon, semblent privilégier une approche plus graduelle. Néanmoins, l’objectif reste le même : forger des partenariats équitables qui respectent pleinement la souveraineté africaine.


L’avenir dira si cette nouvelle forme de coopération avec la France répond véritablement aux aspirations du peuple gabonais et aux intérêts à long terme du pays. Pour l’instant, elle apparaît comme une tentative de concilier le besoin de formation militaire avec une volonté croissante d’indépendance. Le défi pour le Gabon, et pour l’Afrique dans son ensemble, sera de s’assurer que ces partenariats servent réellement le développement autonome du continent, sans perpétuer des relations de dépendance sous de nouvelles formes.

Cette évolution de la présence militaire française au Gabon n’est qu’un chapitre dans l’histoire plus large de la redéfinition des relations internationales de l’Afrique. Elle illustre la complexité des défis auxquels font face les nations africaines dans leur quête d’une véritable indépendance stratégique et militaire, tout en naviguant dans un monde de plus en plus multipolaire.

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