Europe : la Chine sort l’artillerie lourde après des avertissements

(Li Xueren | Xinhua News Agency | Getty Images)

Les relations commerciales sino-européennes connaissent actuellement une escalade de tensions sans précédent. L’Union européenne a récemment frappé fort en imposant de lourdes sanctions sur les importations de véhicules électriques chinois. Le 4 juillet 2024, Bruxelles a annoncé des droits de douane supplémentaires pouvant atteindre 38% sur ces véhicules, s’ajoutant à la taxe de 10% déjà en vigueur. Cette décision fait suite à une enquête concluant que les subventions chinoises sont « déloyales » et menacent l’industrie automobile européenne.

La réaction de Pékin ne s’est pas fait attendre. Telle une partie d’échecs où chaque coup appelle une riposte, la Chine a sorti son artillerie lourde économique. Le ministère du Commerce chinois a annoncé le lancement d’une vaste enquête sur les pratiques commerciales de l’UE, jugées discriminatoires envers les entreprises chinoises. Cette investigation, qui doit s’achever le 10 janvier 2025, cible notamment les secteurs des locomotives, de l’énergie photovoltaïque et de l’énergie éolienne.

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Cette contre-offensive chinoise s’apparente à un réveil du dragon endormi. Jusqu’à présent, Pékin avait opté pour une approche plus mesurée, privilégiant le dialogue et les avertissements diplomatiques. Cependant, la multiplication des procédures européennes visant des entreprises chinoises semble avoir fait déborder le vase de la patience chinoise.

L’enquête chinoise ressemble à un miroir tendu à l’UE, reflétant ses propres actions. Bruxelles avait en effet lancé plusieurs investigations ces derniers mois, notamment contre une filiale du géant ferroviaire CRRC et des consortiums impliqués dans des projets d’énergie renouvelable en Roumanie. Cette stratégie du « oeil pour oeil » risque de transformer le paysage économique euro-chinois en un champ de mines commercial.

L’enjeu est colossal pour les deux parties. L’UE représente le deuxième partenaire commercial de la Chine, juste derrière les États-Unis. Cette interdépendance, longtemps considérée comme un facteur de stabilité, devient aujourd’hui une source de vulnérabilité mutuelle. On pourrait comparer la situation à deux alpinistes reliés par la même corde : un faux pas de l’un pourrait entraîner la chute des deux.

Le choix des secteurs visés par l’enquête chinoise n’est pas anodin. En ciblant les locomotives et les énergies renouvelables, Pékin touche au cœur de la stratégie de transition énergétique européenne. C’est comme si la Chine appuyait sur les points de pression de l’économie européenne, testant sa résistance et sa détermination.

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Cette escalade s’inscrit dans un contexte plus large de rééquilibrage des forces économiques mondiales. La Chine, devenue en 2023 le premier exportateur automobile mondial grâce à sa domination dans le secteur électrique, cherche à consolider sa position. L’Europe, de son côté, tente de protéger son industrie face à cette concurrence jugée déloyale.

Les implications de cette guerre commerciale naissante pourraient aller bien au-delà du secteur automobile. On pourrait assister à une reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales, avec des entreprises cherchant à réduire leur dépendance vis-à-vis de l’une ou l’autre partie. Cette situation pourrait également pousser l’Europe à accélérer sa propre transition vers l’électrique, stimulant l’innovation et les investissements dans ce domaine.

L’Europe et la Chine semblent engagées dans une danse diplomatique et économique complexe, où chaque pas est minutieusement calculé. L’issue de cette confrontation pourrait redessiner les contours du commerce international pour les années à venir. Reste à savoir si les deux géants économiques sauront trouver un terrain d’entente avant que cette guerre commerciale ne laisse des cicatrices durables sur leurs économies respectives.

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