Le conflit du Sahara occidental, héritage complexe de la décolonisation, connaît un nouveau rebondissement diplomatique. La République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par le Front Polisario en 1976, vient de prendre une décision radicale à l’encontre de la France. Cette mesure s’inscrit dans un contexte régional tendu, où les alliances et les positions diplomatiques évoluent rapidement, redessinant les contours géopolitiques du Maghreb.
Depuis des décennies, ce territoire de 266 000 km² fait l’objet d’un différend entre le Maroc, qui le revendique comme partie intégrante de son territoire, et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui milite pour son indépendance. Les Nations Unies, à travers la MINURSO, tentent depuis 1991 d’organiser un référendum d’autodétermination, sans succès jusqu’à présent. Récemment, plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et l’Espagne, ont apporté leur soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, considéré comme une « base sérieuse et crédible » pour résoudre ce conflit qui s’éternise.
La France persona non grata dans le processus de paix
La RASD vient d’annoncer l’exclusion de la France de toute initiative liée à la décolonisation du Sahara occidental, y compris de la MINURSO. Cette décision fait suite au soutien exprimé par Paris au plan marocain d’autonomie, perçu comme une trahison par les indépendantistes sahraouis. Dans un communiqué cinglant, le gouvernement de la RASD condamne « avec la plus grande fermeté la position hostile du gouvernement français » et déclare que la France s’est elle-même exclue des efforts internationaux pour résoudre le conflit.
Le Front Polisario, bras politique et militaire de la RASD, va plus loin en qualifiant la position française d’ »escalade dangereuse » qui aura des répercussions sur « la paix, la sécurité et la stabilité dans toute la région ». Il accuse la France de complicité avec le Maroc dans une « guerre génocidaire » contre le peuple sahraoui, ravivant le souvenir douloureux du passé colonial français dans la région.
Une guerre des mots qui cache des enjeux géostratégiques
Cette rhétorique enflammée masque des enjeux géopolitiques plus larges. Le soutien croissant de pays occidentaux au plan d’autonomie marocain isole davantage le Front Polisario et son allié algérien. La France, en se rapprochant de la position marocaine, cherche probablement à renforcer ses liens économiques et sécuritaires avec Rabat, un partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Cependant, cette stratégie comporte des risques. En prenant parti de manière aussi claire, Paris compromet sa capacité à jouer un rôle de médiateur impartial dans le conflit. De plus, cette position pourrait envenimer ses relations déjà tendues avec l’Algérie, acteur incontournable de la région et soutien historique du Front Polisario.
Le Polisario, de son côté, se trouve dans une position de plus en plus délicate. Isolé diplomatiquement, il brandit la menace d’un retour à la lutte armée, suspendue depuis le cessez-le-feu de 1991. Cette posture belliqueuse vise à mobiliser ses soutiens et à attirer l’attention de la communauté internationale sur un conflit souvent oublié.
L’exclusion de la France du processus de paix, bien que symbolique, témoigne de l’impasse dans laquelle se trouve la résolution du conflit du Sahara occidental. Alors que la diplomatie semble piétiner, le risque d’une reprise des hostilités plane sur la région, menaçant la stabilité d’une zone déjà fragilisée par de multiples défis sécuritaires et économiques.
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