La Tunisie fait face à une problématique de plus en plus préoccupante. En effet, le pays enregistre une fuite des cerveaux, et en particulier celle des ingénieurs. Ce phénomène, loin d’être exclusif à la Tunisie, touche également d’autres pays africains. Cependant, en raison de sa proximité géographique avec l’Europe et de liens historiques profonds, les ingénieurs tunisiens choisissent souvent de poursuivre leur carrière en France. Les pays européens ont mis en place des stratégies spécifiques pour attirer ces talents, créant ainsi une concurrence acharnée pour l’acquisition de compétences qualifiées.
Le président de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT), Kamel Sahnoun, a récemment salué une étude de l’Institut tunisien des études stratégiques qui met en lumière l’ampleur de cette migration des ingénieurs tunisiens vers l’étranger. Il a révélé qu’en moyenne, 3 000 ingénieurs quittent annuellement la Tunisie depuis la révolution de 2011. Cette migration massive est principalement motivée par des salaires peu compétitifs et des conditions de travail jugées insatisfaisantes en Tunisie. À titre de comparaison et selon monsieur Sahnoun, le salaire d’un ingénieur au Maroc peut être jusqu’à quatre fois supérieur à celui d’un ingénieur en Tunisie, ce qui incite ces professionnels à chercher de meilleures opportunités à l’étranger.
S’exprimant sur les ondes d’une radio locale, Kamel Sahnoun a mis en exergue les dangers de cette perte de talents pour l’économie tunisienne. La fuite des ingénieurs, souvent hautement qualifiés, représente une érosion du capital humain du pays, ce qui pourrait freiner la croissance économique et réduire les perspectives de développement. Il a également noté que de nombreux ingénieurs tunisiens choisissent de collaborer avec des entreprises étrangères, soit à distance, soit en émigrant.
Pour faire face à cette situation, Kamel Sahnoun propose plusieurs solutions. Il suggère notamment de restructurer l’économie tunisienne pour qu’elle soit davantage basée sur le savoir et l’innovation. Cela inclut l’instauration de contrats d’embauche basés sur des objectifs précis pour les ingénieurs, afin de les motiver à rester en Tunisie. Ces mesures visent à offrir des conditions de travail et des salaires compétitifs pour retenir les talents locaux et éviter une hémorragie de compétences.
Les experts économiques soulignent que la fuite des cerveaux a un impact direct sur l’économie du pays, réduisant le potentiel de croissance en raison de la perte de capital humain. Pour la Tunisie, relever ce défi est crucial pour son développement futur et sa capacité à innover dans un monde de plus en plus concurrentiel. Les autorités tunisiennes sont donc appelées à prendre des mesures concrètes pour inverser cette tendance et créer un environnement favorable à la rétention de ses talents.
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