Alors que le conflit en Ukraine s’enlise dans sa troisième année, les tensions entre l’Occident et la Russie ne cessent de s’intensifier. Le président français Emmanuel Macron a récemment évoqué la possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine, une déclaration qui a suscité de vives réactions sur la scène internationale. Cependant, ces propos belliqueux semblent en décalage avec la réalité de l’armée française, si l’on en croit les révélations d’un ancien officier supérieur.
Guillaume Ancel, ancien lieutenant-colonel formé à la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr, a accordé une interview explosive au journal lunion.fr. Ses déclarations jettent une lumière crue sur l’état actuel des forces armées françaises et leur capacité à faire face à un conflit de haute intensité comme celui qui se déroule en Ukraine.
« Nous n’avons pas aujourd’hui une armée capable de se battre dans les conditions de l’Ukraine« , affirme sans détour Ancel. Cette assertion choc repose sur plusieurs facteurs qu’il détaille au fil de l’entretien. Selon lui, l’armée française s’est progressivement transformée en un « super corps expéditionnaire léger », adapté à des interventions ponctuelles sur des théâtres d’opérations lointains, mais mal équipé pour un conflit prolongé et intense aux portes de l’Europe.
L’ancien officier pointe du doigt le manque criant de matériel lourd et de munitions. Il rapporte les propos alarmants du chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard, qui aurait déclaré devant des parlementaires : « Si on voulait s’impliquer dans une guerre comme celle de l’Ukraine, nous aurions 15 jours de munitions« . Cette pénurie s’explique, selon Ancel, par des choix stratégiques erronés faits après la fin de la Guerre froide.
La professionnalisation de l’armée, avec la fin du service militaire en 1997, a certes permis de constituer une force d’élite, mais au prix d’une réduction drastique des effectifs et d’une spécialisation excessive. « On a formé une armée d’élite, en passant de 600 000 hommes à 200 000 militaires« , explique Ancel. Ce choix a conduit à la fermeture de nombreuses bases et à l’abandon de certaines capacités, notamment dans le domaine du combat blindé mécanisé.
L’ancien lieutenant-colonel critique également le manque de débat public sur ces questions cruciales. Il déplore une tradition de silence imposée aux militaires, remontant selon lui à Napoléon Bonaparte. Cette « grande muette« , comme on surnomme l’armée française, peine à communiquer avec la société civile et à faire entendre ses besoins.
Face à la résurgence de la menace russe, Ancel plaide pour un changement radical de paradigme. Il préconise notamment l’acquisition de chars de combat modernes, comme le Léopard II, utilisé par plusieurs pays européens. Pour lui, une défense européenne coordonnée et bien équipée est nécessaire pour faire face aux défis géopolitiques actuels, bien que le leader russe ait nié toute envie de s’étendre vers l’Europe.
Ces révélations soulèvent de nombreuses questions sur la pertinence de la politique de défense française et sur sa capacité à répondre aux défis géopolitiques actuels. Alors que le président Macron a annoncé une augmentation significative du budget de la Défense, Ancel estime que ces investissements ne suffiront pas s’ils ne s’accompagnent pas d’une refonte en profondeur du modèle d’armée.
L’interview d’Ancel à lunion.fr agit comme un signal d’alarme. Elle met en lumière le décalage entre les ambitions affichées par le pouvoir politique et les réalités du terrain. À l’heure où les tensions internationales s’exacerbent, la France se trouve face à un défi de taille : moderniser rapidement ses forces armées pour les adapter à un monde où la guerre conventionnelle, loin d’avoir disparu, semble malheureusement redevenir une option.
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