Rivalités entre puissances au Maghreb : les USA parlent de ce pays

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L’échiquier géopolitique africain est en pleine mutation. Depuis quelques années, le continent noir est devenu le théâtre d’une compétition accrue entre les grandes puissances mondiales. Les États-Unis, la Chine et la Russie se livrent une bataille d’influence sans merci, cherchant à étendre leur sphère d’action et à sécuriser leurs intérêts stratégiques et économiques. Cette lutte pour la prééminence se manifeste par des investissements massifs, des accords commerciaux, des partenariats militaires et des manœuvres diplomatiques sophistiquées. L’Afrique, riche en ressources naturelles et au potentiel économique considérable, est désormais perçue comme un enjeu majeur dans la redéfinition de l’ordre mondial.

Dans ce grand jeu d’influence, la Tunisie occupe une place particulière. Pays charnière entre le Maghreb et le Moyen-Orient, sa stabilité et son orientation politique sont scrutées de près par les chancelleries occidentales et orientales. Récemment, l’ambassadeur américain en Tunisie, Joey Hood, a tenu à rassurer quant à la position de son pays face à la concurrence russe et chinoise dans la région.

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Lors d’un débat organisé par le prestigieux think tank Washington Institute, Hood a dressé un tableau contrasté des relations entre la Tunisie et les grandes puissances. Il a souligné l’avantage comparatif des États-Unis, mettant en avant un partenariat multidimensionnel qui va bien au-delà des simples échanges commerciaux. Contrairement à la Chine et à la Russie, qui privilégient une approche purement transactionnelle, Washington cultive des liens profonds avec la société civile tunisienne et s’engage dans des projets de développement à long terme.

L’ambassadeur a notamment évoqué des initiatives américaines visant à aider les agriculteurs et les pêcheurs tunisiens à s’adapter au changement climatique. Cette approche holistique témoigne d’une stratégie d’influence subtile, qui cherche à créer des liens durables avec la population locale plutôt que de se contenter de relations au sommet de l’État.

Sur le plan économique, Hood a mis en exergue le fait que la Tunisie jouit d’un excédent commercial avec les États-Unis, tandis qu’elle accuse un déficit important avec la Chine et la Russie. Cette situation pourrait être comparée à celle d’un jardin : tandis que les États-Unis cultivent une relation mutuellement bénéfique, les autres puissances semblent plutôt récolter sans nécessairement semer.

L’aspect sécuritaire n’est pas en reste dans cette équation complexe. L’ambassadeur a souligné l’importance de l’assistance américaine dans le renforcement des capacités de surveillance frontalière et de lutte antiterroriste de la Tunisie. Cette coopération sécuritaire a non seulement contribué à stabiliser le pays, mais a également permis à la Tunisie de jouer un rôle plus actif dans les efforts de sécurité régionale.

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Cependant, la partie est loin d’être gagnée pour Washington. Grant Rumley, l’un des coauteurs de l’étude du Washington Institute, a appelé à une approche plus nuancée et adaptée aux réalités locales. Il préconise une stratégie qui prenne en compte les considérations spécifiques des pays nord-africains, plutôt qu’une politique uniforme dictée depuis Washington.

Cette recommandation soulève une question cruciale : comment les États-Unis peuvent-ils maintenir leur influence tout en respectant la souveraineté et les aspirations des nations africaines ? La réponse pourrait résider dans une diplomatie plus fine, capable de conjuguer les intérêts américains avec les priorités locales.

L’enjeu est de taille, car la Chine et la Russie ne restent pas inactives. Pékin, avec sa stratégie des « nouvelles routes de la soie », continue d’investir massivement dans les infrastructures africaines. Moscou, de son côté, renforce ses liens militaires et sécuritaires, comme l’illustre son soutien au maréchal Haftar en Libye.

Face à ces défis, les États-Unis semblent opter pour une approche de « soft power » renforcé. En misant sur des partenariats multiformes et en cultivant des relations à tous les niveaux de la société, Washington espère créer un ancrage durable dans la région.

En définitive, la Tunisie apparaît comme un microcosme des enjeux géopolitiques qui se jouent à l’échelle du continent africain. L’issue de cette compétition entre grandes puissances aura des répercussions bien au-delà des frontières maghrébines. Elle pourrait bien dessiner les contours d’un nouveau paradigme dans les relations internationales, où l’influence se mesure autant à l’aune des liens tissés avec les sociétés civiles qu’à celle des accords intergouvernementaux.

Une réponse

  1. Avatar de Bennani
    Bennani

    Juste pour rappeler que sans cette France des MINISTRES **** le Sahara occidental 🇪🇭 aurait été indépendant depuis belle lurette.
    D’où la pertinence de la déclaration de l’ex ambassadeur de la France auprès de l’ONU qui disait en 2012 que : « Le Maroc est une maîtresse avec laquelle etc… ».

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