Les réactions fusent de toutes parts depuis l’éclatement de l’affaire Frère Hounvi. Dans la foulée, l’experte en décentralisation qui est aussi autorité traditionnelle parce que tête couronnée, Dah Djankaki s’est également prononcé, s’appuyant sur les liens spirituels de ce virulent dossier.
« Dans la culture qui est la nôtre, un célèbre adage dit: Quand une tête tombe, la seconde tête frémit et est agitée d’un tremblement causé par le froid, la peur. S’il est permis à certains thuriféraires de porter en triomphe, à porter aux nus, à encenser les médiocres, les opportunistes, prenons la peine d’interroger l’histoire de l’humanité avant de jeter des balivernes sur Hounvi qui incarne un pan de la lutte du vaillant peuple béninois.
D’entrée disons que le nom Hounvi choisi est déjà une audace dans un Etat de droit qui enseigne la responsabilité et le devoir citoyen. Que dit- il à travers ce sobriquet ? Pour les initiés à la spiritualité, il dit qu’il est frère de sang. Hounvi, veut dire d’abord houn, qui signifie le sang de nos ancêtres, qui circule dans ses veines. Ensuite le diminutif, vi veut dire fils, le descendant des ancêtres ,qui se sert de l’égrégore de la nation béninoise pour porter la parole des frères affligés et meurtris pour combattre le système politique en place . J’ai pu noter à partir de son premier message prémonitoire en 2019, que lui, frère Hounvi, dira toute sa vérité au régime de la rupture en attendant d’être arrêté un jour. Il a donc signé un pacte de sang avec nos ancêtres, tel qu’il est venu dans le paysage béninois.
Avant d’être un héros, il faut accepter de passer de l’indignité à la dignité. Dans nos us et coutumes, la tête du roi ou du dirigeant d’une nation est un tas d’ordures, sur lequel des citoyens mécontents sont en droit de jeter les opprobres et les ordures de toutes sortes. Logiquement, doit-on accepter d’être encensé par les siens, et refuser les opprobres des adversaires politiques? Cela a été possible depuis Mathusalem et le Président Talon n’y pourra rien faire à ce sujet. Au contraire frère Hounvi l’aide à une gouvernance dans la transparence et l’obligation de compte rendu.
Frère Hounvi s’est révélé indispensable au pouvoir actuel, tant par son éloquence, et la maîtrise des dossiers qu’il aborde .A un moment donné, l’on était en droit de dire : le ver est dans le fruit. Car, presque tout ce qu’il dit se révèle vrai. Voilà quelqu’un qui a peut-être le destin de Jésus Christ et bien d’autres hommes d’État, disais-je. Au moment de sa passion, Jésus Christ a été exposé aux opprobres de la foule. Tant, il est humilié et discrédité aux yeux de tous. Pourtant cela n’a pas empêché qu’il soit devenu le messie de la planète.
Plus récemment, le roi Béhanzin qui était le cauchemar du colonisateur a été déniché dans sa cachette, grâce aux soutiens de ses propres frères. Aussi, l’autre icône du septentrion, le roi Bio-Guerra décapité par les envahisseurs, est rétabli sur son cheval au carrefour Erevan.
Nelson Mandela, avant d’être vénéré aujourd’hui, comme un leader incontesté et incontestable avait été pourchassé comme un vil individu, ensuite arrêté et condamné aux motifs d’actes terroristes. Ce sont ces actes de bravoure que nous devons enseigner à la postérité, pour construire un État fort, et non la soumission aux mesures arbitraires des hommes forts, qui violent le droit à la contradiction. Relativement à l’arrestation du frère Hounvi à Lomé, si par extraordinaire, les autorités togolaises n’étaient pas associées à cette arrestation, cela renvoie une mauvaise image sur notre pays. Car, l’adaptation de l’administration aux impératifs d’une société démocratique exige la transparence, le respect du droit de la défense pour éviter que les actes pris ne soient entachés d’irrégularités du fait de vice de forme.
C’est pourquoi, après avoir suivi le commentaire de mon ami Antoine Guédou, Président du Parti GSR, parmi tant d’autres commentaires, je fais miennes en conclusion, les opinions de l’ancien Président de la Cour Constitutionnelle, Maître Robert Dossou qui estime : Personne n’oblige personne à assumer les charges….(…)…..Si vous assumez une charge, vous êtes exposé. Si vous n’êtes pas capable de supporter l’outrage, n’assumez aucune fonction politique. Sinon, il n’y a pas démocratie ».
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