L’actualité liée à l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt de Frère Hounvi continue de susciter des réactions. Dans la foulée, l’ordre des avocats du Bénin a rendu publique une déclaration dans laquelle il porte des réserves sur la procédure actuellement en cours et émet des inquiétudes.
« S’il est admis que, dans un Etat de droit, nul n’est au-dessus de la loi et que toute violation y afférente mérite d’être réprimée, il est tout aussi prescrit, voire exigé, que les modalités de poursuite et de répression des infractions y soient strictement conformes, Aussi, lorsque des indices graves et concordants conduisent l’autorité habilitée, en l’occurrence le Procureur de la République, à décider de la mise en mouvement de l’action publique contre un citoyen, les principes généraux régissant la procédure pénale sont très précis en la matière ». C’est la mise au point faite dans la déclaration signée du bâtonnier Angelo Aimé Hounkpatin.
Pour les besoins de la poursuite de l’infraction, continue la déclaration « les textes prescrivent que l’Officier de police judiciaire adresse une convocation à la personne mise en cause. Si l’intéressé ne répond pas à la convocation, l’Officier de police judiciaire doit s’adresser au Procureur de la République qui prendra les dispositions requises afin que soit délivré contre celui-ci, selon le cas, un mandat de comparution, un mandat d’amener ou un mandat d’arrêt ».
Dans la suite de la déclaration, l’Ordre des avocats précise ce qui aurait dû être fait pour le cas du chroniqueur connu sous le pseudonyme « Frère Hounvi ». « Dans le cas de Monsieur Steve Amoussou qui réside hors du territoire national, il nous semble que la meilleure modalité de le faire comparaître devant les autorités judiciaires du Bénin eût consisté à décerner à son encontre un mandat d’arrêt. Le cas échéant, les autorités judiciaires de son pays de résidence, en l’occurrence le Togo, auraient été mises à contribution à l’effet de l’interpeller puis d’organiser son transfert au Bénin ».
Cette situation interpelle l’ordre des avocats du Bénin dont la déclaration se fonde dans sa déclaration sur la Constitution de la République du Bénin, en ses articles 8 et 18, qui prescrit le caractère sacré de la personne humaine et son inviolabilité, tout comme la prohibition de la torture, des sévices, des traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Tout ce qui est rapporté de ce qu’a subi Steve Amoussou et qui n’est, à ce jour, pas encore démenti par quelque autorité publique du Bénin, est très inquiétant selon l’ordre. « C’est pourquoi l’Ordre des Avocats du Bénin, qui concourt au service public de la justice, s’inquiète puis s’interroge sur cette violation flagrante des normes juridiques en vigueur dans notre pays. Il appelle les autorités en charge de la police judiciaire et de la poursuite pénale à plus de retenue dans leurs actes qui doivent être, à tous égards et à chaque instant, respectueux de la loi et de la personne humaine ».
Jusqu’à nouvel ordre, rappelle l’ordre des avocats du Bénin, Steve Amoussou est présumé innocent tant que sa culpabilité n’aura pas été légalement établie des suites d’un procès public et équitable, dans le strict respect de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. C’est pourquoi l’Ordre des Avocats du Bénin, préoccupé par cette situation, « invite les autorités de poursuite judiciaire à faire preuve de lucidité, en se comportant comme de vrais professionnels uniquement guidés par le respect scrupuleux de nos lois, pour la garantie de la démocratie et de l’Etat de droit ».
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