Europe : un camouflet en vue dans ce domaine ?

Assemblage d'une batterie de voiture (AUDI AG)

L’Europe, autrefois à la pointe de l’innovation, a progressivement perdu du terrain face à la Chine et aux États-Unis dans plusieurs secteurs technologiques clés. L’intelligence artificielle, la 5G, les semi-conducteurs et les énergies renouvelables sont autant de domaines où le Vieux Continent peine à rivaliser. Cette situation résulte d’un manque d’investissements coordonnés, d’une fragmentation du marché européen et d’une réglementation parfois trop rigide. Les géants technologiques américains et les mastodontes industriels chinois ont su capitaliser sur leurs vastes marchés intérieurs et des politiques industrielles agressives pour creuser l’écart. L’Europe se trouve désormais dans une position délicate, cherchant à rattraper son retard tout en préservant ses valeurs et son modèle social.

La course aux batteries : entre ambition et réalité

Dans ce contexte de rattrapage technologique, l’industrie des batteries pour véhicules électriques est devenue un enjeu stratégique majeur pour l’Europe. La volonté de s’affranchir de la dépendance asiatique a conduit à une véritable ruée vers l’or blanc, avec l’annonce en cascade de projets d’usines de batteries sur le continent. La « vallée de la batterie » dans le nord de la France symbolise cette ambition européenne de devenir un acteur incontournable du secteur.

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Cependant, la réalité du marché vient aujourd’hui tempérer cet enthousiasme initial. Sur la cinquantaine de projets d’usines prévus à l’horizon 2030, près d’un tiers fait face à des retards, des suspensions, voire des annulations pures et simples. L’Allemagne, locomotive économique de l’Europe, voit notamment cinq de ses projets fortement compromis. Cette situation révèle un décalage entre les projections optimistes et la demande réelle en véhicules électriques sur le marché européen.

Les défis d’une filière en construction

La création d’une filière européenne des batteries se heurte à plusieurs obstacles. Contrairement à leurs homologues asiatiques, les producteurs européens manquent encore d’expérience et de solidité financière. Des entreprises comme Northvolt, ACC ou Verkor tentent de s’imposer face aux géants CATL, LG ou Panasonic, mais le chemin est semé d’embûches.

Le marché automobile, moins dynamique que prévu, remet en question la pertinence de certains investissements. Les gouvernements et les acteurs locaux, dans leur empressement à attirer ces usines pourvoyeuses d’emplois, ont peut-être négligé d’évaluer rigoureusement l’adéquation entre l’offre et la demande. Cette situation pourrait conduire à une surcapacité de production, mettant en péril la viabilité économique de nombreux projets.

Vers une reconfiguration du paysage industriel ?

La récente vague d’annulations et de reports d’usines de batteries en Europe pourrait avoir des répercussions profondes sur l’ensemble de l’industrie automobile. Les constructeurs, qui ont longtemps délégué la production de batteries à des partenaires spécialisés, se trouvent confrontés à un dilemme : poursuivre cette stratégie de dépendance ou investir massivement dans le développement de leurs propres capacités de production.

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Cette situation met en lumière la nécessité d’une plus grande agilité face aux fluctuations du marché. Les décisions prises dans l’urgence, parfois guidées par des considérations plus politiques qu’économiques, se révèlent aujourd’hui problématiques. L’attractivité des États-Unis, renforcée par une politique d’incitations fiscales agressive, vient complexifier davantage l’équation pour les industriels européens.

L’Europe se trouve ainsi à la croisée des chemins. Le défi consiste à trouver un équilibre entre l’ambition d’une indépendance stratégique dans le domaine des batteries et la réalité d’un marché global hautement compétitif. La capacité du continent à ajuster sa stratégie, à favoriser l’innovation et à créer un écosystème industriel cohérent déterminera sa place dans la chaîne de valeur de la mobilité électrique de demain. L’enjeu dépasse largement le cadre de l’automobile pour toucher au cœur de la compétitivité et de la souveraineté technologique européenne.

4 réponses

  1. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    Les financiers et industriels occidentaux ont été – dans leur logique libérale intégrale, d’une cécité incroyable. Ils ont désindustrialisé sans pitié pour leurs propres travailleurs dans le but de faire du fric, et toujours plus.

    L’Europe et les USA dans une moindre mesure le payent aujourd’hui.

    Fort heureusement,
    Poutine et XI JIN PING, ont montré les crocs trop tard pour l’un et trop tôt pour l’autre
    – XI JIN PING : la Chine n’est pas au niveau militairement
    – et Poutine a révélé un délire impérialiste néocolonial, sous la férule de son régime mafieux., avec lequel il a réussi à effrayer/réveiller tout le monde en Occident

    \\\\.///
    (@_@)

    1. Avatar de (@_@)
      (@_@)

      Pour les autres arguments : « vous voyez bien que vous perdez de l’argent en aidant l’Ukraine » 🙂 🙂 Mdr !

      Comme à une fille qui se défend pour ne pas se faire violer: « laisse toi faire, sinon tu vas filer tes bas et déchirer ta robe »

      Pitoyable comme argument

      Quand est-ce que vous filez à Koursk en vacances ? 🙂

      Opération de police 🙂
      Kiev en 2 semaines 🙂

      \\\\.///
      (@_@)

  2. Avatar de Sid
    Sid

    L’Europe a enfin compris qu’elle avait 3 trains de retard sur la Chine ! Ce qu’elle n’a pas encore compris, c’est que son tissu industriel est détruit, par sa propre bêtise mais aussi par les USA qui l’ont sciemment privée d’énergie bon-marché. Et c’est pas Th breton qui va y changer quelque chose !

  3. Avatar de Le Baikal
    Le Baikal

    Le le 24 février 2022 a entraîné l’adoption de sanctions nettement plus lourdes envers la Russie :
    – de longues listes nominatives d’interdictions de séjour et de gel des avoirs (visant même le Président russe et ses ministres ,
    – une sévère limitation des transactions financières avec les principales banques russes,
    – un arrêt des liaisons aériennes ainsi que le survol du plus grand espace aérien du monde ,de la Russie.
    – un embargo sur les exportations de technologies et de produits de luxe,
    – l’arrêt des achats de charbon et de pétrole russes,
    – la suspension de l’accord de facilitation de visas.
    et L’interruption des gazoducs Nord Stream a fait le reste et réduit à peu de choses les relations économiques UE-Russie. L’Europe a beaucoup perdu dans cette affaire.
    L’Union européenne est bien devenue une « puissance libérale mais febrile » qui défend ses « valeurs » en recourant aux outils du « hard power » (sanctions) et en allant jusqu’à frôler la cobelligérance à travers les livraisons d’armes à l’Ukraine.
    A l’évidence, l’Union européenne ne peut pas se passer complètement du gaz russe, notamment du gaz naturel liquéfié suite à l’arrêt des gazoducs. Elle l’a en partie remplacé par d’autres sources : GNL américain en particulier, mais aussi gaz du Qatar, d’Algérie et de Norvège. L’Union européenne paie ainsi son gaz neuf fois plus cher que les Etats-Unis et dépense cinq fois moins que les Etats-Unis en recherche-développement : il n’est pas étonnant que les investisseurs financiers préfèrent parier sur les valeurs américaines .

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