Par deux différents décrets pris le vendredi 2 août dernier, le chef de l’État accorde la grâce présidentielle à 464 détenus dont 27 impliqués dans les événements post-électoraux de 2019 et 2021. Seulement, le sort des deux personnalités les plus en vue reste toujours non résolu. Il s’agit de Joël Aïvo Rékyath Madougou dont les Béninois attendent avec ferveur la libération.
Les 27 personnes graciées par Patrice Talon avaient été condamnées par la Criet après les lendemains tumultueux des élections législatives de 2019 et présidentielles de 2021. Certains ont été inculpés pour «tentative d’atteinte à l’intégrité du territoire national», d’autres pour «provocation et participation à un attroupement armé». Cet acte du président de la République constitue une réponse à la demande formulée par le parti d’opposition Les Démocrates lors de sa rencontre avec Patrice Talon le lundi 27 novembre 2023.
Après près de quatre ans de détention pour certains et plus encore pour d’autres, ces 27 jeunes recouvrent leur liberté, même s’ils s’en sortent avec un casier judiciaire entaché. Leurs conseils auraient voulu les voir amnistiés. « C’est une grande joie pour moi, pour ceux qui sont étudiants parmi eux, ils pourront reprendre leurs études. J’aurais souhaité qu’ils soient amnistiés, parce que la grâce présidentielle ne blanchit pas leur casier judiciaire » a déclaré Me Victorien Fadé, un de leurs conseils. Mais c’est déjà un grand pas vers la décrispation de la tension politique jusque-là très vive entre l’opposition et le pouvoir en place.
Les cas Madougou et Aïvo bientôt réglés ?
Acte salutaire du chef de l’Etat, mais qui ne satisfait pas encore totalement le peuple béninois. Ce dernier aurait jubilé si avec les 27 graciés Rékyath Madougou et Joël Aïvo et leurs codétenus étaient eux aussi libérés. Avec les 27 détenus libérés, on comprend que le président Patrice Talon est resté campé sur la position affichée lors de la rencontre du 27 novembre 2023 avec les responsables du parti Les Démocrates. Accusée d’avoir participé à un projet d’assassinats politiques visant à perturber la présidentielle béninoise du 11 avril 2021 après le rejet de sa propre candidature, Réckyath Madougou est condamnée à 20 ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs et terrorisme. Quant à Joël Aïvo, il a été reconnu coupable de « blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’Etat » et condamné à dix ans de prison.
Beaucoup de voix se sont élevées contre ces condamnations qui sont qualifiées de politiques par certaines personnes. Une centaine d’universitaires de par le monde ont écrit pour réclamer la libération du professeur de droit constitutionnel. Le groupe de travail de L’Onu a qualifié la détention de Madougou d’arbitraire et demandé sa libération. Malgré ces nombreux appels et les démarches faites par le parti d’opposition Les Démocrates à l’endroit de Patrice Talon, les deux personnalités concernées sont toujours gardés en prison. Leurs conditions de détention auraient été même renforcées ces derniers mois avec des restrictions qui frisent selon certains observateurs la violation des droits humains.
Si la libération des 27 détenus à travers cette grâce présidentielle contribue à apaiser la tension politique dans le pays, la dynamique de la décrispation doit se poursuivre et aboutir à la libération de Madougou et Aïvo comme demandé par les partis d’opposition, les anciens chefs d’État Boni Yayi et Nicéphore Soglo et tout le peuple béninois.
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