L’augmentation des cas de suicide au Bénin constitue une préoccupation majeure de santé publique et de la vie communautaire. Ce phénomène complexe, souvent sous-estimé, nécessite une attention particulière pour comprendre ses causes profondes et mettre en place des stratégies de prévention efficaces. La société toute entière est interpelée.
Les cas de suicides se multiplient au Bénin depuis quelques temps. Rien que ces deux dernières semaines, au moins deux cas ont été signalés. Il s’agit d’un homme de 55 ans et père de famille à Djougou et d’une femme, la quarantaine environ dans le département du Couffo. Au mois de juin, quatre cas ont été enregistrés en l’espace de deux semaines aussi. Le premier est celui d’un jeune aspirant au métier d’enseignant dont le décès a suscité l’émoi sur les réseaux sociaux et alimenté les discussions. Ensuite, c’est un écolier candidat à l’examen du CEP qui s’est pendu au claustra extérieur d’une salle de classe tout juste après les compositions. Deux autres, cette fois-ci des dames, ont mis fin à leur vie suite à des déceptions amoureuses. C’est une situation qui mérite d’être scrutée puisque la récurrence du phénomène est inquiétante.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’augmentation des cas de suicide au Bénin. Il s’agirait selon des avis recueillis ici et là et des recherches documentaires de la pauvreté, du chômage, des inégalités sociales, de la précarité de l’emploi, de l’insécurité alimentaire, des difficultés d’accès aux soins et aux services sociaux… Nos sources évoquent également des troubles mentaux (dépression, anxiété), les traumatismes, les violences, le sentiment d’isolement ou de solitude sans oublier la stigmatisation et le manque de soutien social. Pour certains cas dont les auteurs ont laissé des lettres avant de se donner la mort, les raisons qui les ont poussés au suicide est la détresse, le désespoir et la déception amoureuse.
Pour faire face à ce problème de santé publique, il est nécessaire de mettre en œuvre des actions multisectorielles et coordonnées comme la sensibilisation, la détection précoce, l’accès aux soins, le soutien social. Mais au-delà, il faudra lutter farouchement contre la pauvreté en mettant en œuvre des politiques visant à réduire les inégalités sociales. Il faut également favoriser la création d’emplois et le développement économique et faire la promotion de la santé mentale.
Bien qu’il n’existe pas de signe unique et infaillible pour reconnaitre un candidat au suicide, certains indicateurs peuvent alerter. Il s’agit des changements comportementaux comme l’isolement, la négligence de soi, les changements d’humeur radicaux, l’agitation ou le retrait excessif, le don de biens précieux, l’augmentation de la consommation d’alcool ou de drogues, la rédaction d’un testament ou encore l’achat de médicaments en grande quantité. On peut aussi observer des menaces de suicide explicites ou implicites, des sentiments de désespoir et d’inutilité, de culpabilité ou de honte excessifs, la perte d’espoir en l’avenir. Il faut souligner que ces signes ne sont pas toujours présents et que leur intensité peut varier d’une personne à l’autre.
S’il est vrai que les dirigeants ont un grand rôle à jouer dans la réduction voir la disparition des cas de suicide au Bénin, il est essentiel de souligner que la prévention du phénomène est une responsabilité collective. Chaque acteur de la société a un rôle à jouer pour créer un environnement plus protecteur et favoriser le bien-être de tous. Chacun est appelé à veiller sur son prochain dans l’environnement immédiat. Ainsi, on pourrait étouffer plus rapidement la pulsion vers le suicide des proches.
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