Les relations entre l’Algérie et ses voisins traversent une période tumultueuse. Le contentieux avec le Maroc s’est aggravé ces dernières années, notamment autour de la question du Sahara occidental, entraînant la rupture des relations diplomatiques en 2021. Par ailleurs, les tensions avec la France persistent, alimentées par des différends mémoriels liés à la période coloniale et des déclarations controversées de part et d’autre. Ces frictions ont conduit à plusieurs crises diplomatiques, dont le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris en 2021. Dans ce contexte tendu, l’Algérie cherche à affirmer sa souveraineté et son indépendance sur la scène internationale, tout en renforçant son influence régionale.
Une fierté nationale ravivée
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, en campagne pour sa réélection, a choisi Constantine comme première étape de son périple électoral. Devant une foule enthousiaste, il a rappelé les moments difficiles traversés par le pays et souligné les progrès accomplis sous sa direction. « L’Algérie était au bord du précipice », a-t-il déclaré, faisant allusion aux troubles politiques qui ont secoué le pays avant son arrivée au pouvoir en 2019. Tebboune a mis en avant le rôle crucial du peuple et de l’armée dans la préservation de la stabilité nationale, comparant implicitement la situation algérienne à celle d’autres nations arabes ayant connu des bouleversements majeurs.
Le président-candidat a particulièrement insisté sur les succès économiques de l’Algérie, présentant le pays comme un modèle de gestion financière dans la région. « Le seul État qui n’a pas un seul dollar de dette, c’est l’Algérie », a-t-il affirmé avec fierté, soulignant que cette performance a été réalisée sans recourir à l’endettement extérieur. Cette indépendance financière est présentée comme un bouclier contre toute ingérence étrangère, renforçant l’image d’une Algérie forte et souveraine.
Une diplomatie affirmée face aux défis régionaux
Tebboune n’a pas hésité à adopter un ton ferme envers ceux qui, selon lui, ne respecteraient pas la dignité des Algériens. « Celui qui ne respecte pas l’Algérie, les Algériennes et les Algériens, nous ne le respectons pas », a-t-il martelé, dans ce qui pourrait être interprété comme un avertissement à peine voilé aux pays avec lesquels l’Algérie entretient des relations tendues. Cette posture reflète la volonté de l’Algérie de s’affirmer comme une puissance régionale incontournable, capable de défendre ses intérêts et ceux de ses citoyens sur la scène internationale.
Le discours du président algérien a également mis en lumière l’ambition du pays de jouer un rôle stabilisateur dans la région. En évoquant le renforcement des capacités de l’Armée nationale populaire, Tebboune a souligné que « le monde reconnaît aujourd’hui que l’Algérie a apporté prospérité et stabilité à la région ». Cette déclaration positionne l’Algérie comme un acteur clé de la sécurité régionale, capable de contribuer à la résolution des crises qui secouent le Maghreb et le Sahel.
Un engagement panafricain et panarabe réaffirmé
Au-delà des enjeux régionaux, le président Tebboune a réaffirmé l’engagement de l’Algérie envers les causes panarabe et panafricaine. Son soutien inconditionnel à la Palestine, illustré par la promesse de construire des hôpitaux à Gaza en cas d’ouverture de la frontière avec l’Égypte, témoigne de la volonté de l’Algérie de maintenir son statut de champion de la solidarité arabe. Cette position s’inscrit dans la lignée historique de la diplomatie algérienne, qui a toujours cherché à jouer un rôle de premier plan dans les affaires arabes et africaines.
La mention des succès sportifs algériens lors des Jeux olympiques de Paris, où « l’hymne national a retenti », sert à illustrer la reconnaissance internationale croissante du pays. Ce moment de fierté nationale est habilement utilisé par Tebboune pour renforcer le sentiment d’unité et d’accomplissement parmi ses concitoyens, tout en envoyant un message fort aux partenaires internationaux de l’Algérie.
Alors que l’Algérie se prépare à une élection présidentielle cruciale, le discours de Tebboune à Constantine révèle les ambitions d’un pays déterminé à consolider son influence régionale et internationale. En mettant l’accent sur l’indépendance économique, la fierté nationale et l’engagement envers les causes arabes et africaines, le président-candidat dessine les contours d’une Algérie qui se veut incontournable sur l’échiquier géopolitique du Maghreb et au-delà. Cette posture, si elle peut renforcer le soutien populaire à l’intérieur du pays, pourrait également redéfinir les relations de l’Algérie avec ses voisins et partenaires internationaux dans les années à venir.
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