La tempête économique qui secoue le monde depuis la pandémie de Covid-19 n’épargne pas le Maghreb. L’inflation galopante, exacerbée par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la flambée des prix des matières premières, met à rude épreuve les économies de la région. La guerre en Ukraine a jeté de l’huile sur le feu, provoquant une hausse vertigineuse des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires. Face à ce défi colossal, les gouvernements maghrébins se mobilisent, déployant des arsenaux financiers impressionnants pour protéger le pouvoir d’achat de leurs citoyens et stabiliser leurs économies vacillantes.
L’Algérie, bouclier contre la flambée des prix
Au cœur de cette bataille économique, l’Algérie se positionne en fer de lance de la lutte contre l’inflation. Le gouvernement algérien, conscient des enjeux sociaux et politiques, a dévoilé un plan de subventions titanesque de 620 milliards de dinars pour l’année 2024. Cette somme pharaonique, comparable au budget annuel de certains pays, témoigne de la détermination des autorités à endiguer la hausse des prix et à préserver la paix sociale.
Le plan algérien ressemble à un véritable bouclier économique, protégeant les produits de première nécessité des turbulences du marché mondial. L’huile alimentaire et le sucre blanc, véritables baromètres du panier de la ménagère, bénéficient d’une enveloppe de 120 milliards de dinars. Cette manne financière agit comme un amortisseur, absorbant les chocs des cours internationaux pour maintenir des prix stables sur les étals.
La sécurité alimentaire, pilier de la stabilité nationale
Au-delà des produits de base, l’Algérie mise gros sur son autonomie alimentaire. Le secteur céréalier, épine dorsale de l’agriculture nationale, se voit octroyer la part du lion avec 397 milliards de dinars. Cette injection massive vise à stimuler la production locale tout en garantissant des prix abordables aux consommateurs. Le gouvernement joue ainsi sur deux tableaux : soutenir les agriculteurs en augmentant les prix d’achat, tout en subventionnant les prix de vente aux transformateurs. Cette politique du grand écart budgétaire illustre la complexité du défi inflationniste auquel fait face le pays.
La filière laitière n’est pas en reste, bénéficiant d’une enveloppe de 102,7 milliards de dinars. Cette somme colossale traduit l’importance stratégique du lait dans le régime alimentaire algérien. En visant une production annuelle de 3,4 milliards de litres, le gouvernement cherche à réduire sa dépendance aux importations tout en assurant un approvisionnement stable à sa population.
Une approche holistique face à un défi multidimensionnel
La stratégie algérienne ne se limite pas à injecter des fonds dans les filières clés. Elle adopte une approche globale, touchant tous les maillons de la chaîne économique. Les subventions ciblées sur les produits finis, comme la baguette de pain ou le sac de semoule, visent à soulager directement le portefeuille du consommateur. L’allocation de 1,5 milliard de dinars pour compenser les frais de transport dans le Sud du pays témoigne d’une volonté d’équité territoriale face à l’inflation.
La mise en place d’une cellule de veille et d’alerte précoce illustre la conscience du gouvernement que la lutte contre l’inflation est un combat de tous les instants. Cette task force, réunissant différents ministères et les forces de sécurité, incarne une approche proactive et coordonnée face aux défis économiques.
Le plan ambitieux de l’Algérie soulève néanmoins des questions sur sa soutenabilité à long terme. Si ces mesures apportent un soulagement immédiat aux consommateurs, elles pèsent lourdement sur les finances publiques. L’équilibre entre soutien social et stabilité budgétaire sera crucial pour l’avenir économique du pays. Le succès de cette stratégie dépendra de sa capacité à stimuler la production locale et à réduire progressivement la dépendance aux importations, tout en naviguant dans les eaux tumultueuses de l’économie mondiale post-pandémique.
Laisser un commentaire