Les pays du Maghreb se trouvent face à un défi de taille : endiguer la montée du chômage qui menace leur stabilité sociale et économique. Confrontés à une démographie galopante et à des économies en transition, ces nations déploient diverses stratégies pour stimuler l’emploi. La Tunisie mise sur l’entrepreneuriat et l’innovation technologique, tandis que l’Algérie tente de diversifier son économie au-delà du secteur pétrolier. Le Maroc, quant à lui, a longtemps misé sur le développement de secteurs clés comme l’automobile et l’aéronautique pour créer des emplois qualifiés. Malgré ces efforts, le chômage persiste, exacerbé par des facteurs structurels et conjoncturels qui varient d’un pays à l’autre.
Une situation alarmante au Maroc
Le Maroc traverse actuellement une période critique sur le front de l’emploi. Les derniers chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dressent un tableau préoccupant de la situation du marché du travail dans le royaume chérifien. Au deuxième trimestre 2024, le pays a enregistré une nouvelle hausse du taux de chômage, qui atteint désormais 13,1% au niveau national, soit une augmentation de 0,7 point par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance à la hausse touche aussi bien les zones urbaines, où le taux grimpe à 16,7%, que les zones rurales, avec un taux de 6,7%.
L’augmentation du chômage s’accompagne d’une baisse significative du taux d’activité, qui passe de 44,8% à 44,2% en un an. Cette diminution traduit un découragement croissant de la population face aux difficultés d’insertion sur le marché du travail. Le phénomène est particulièrement marqué dans les zones rurales, où le taux d’activité chute de 49,2% à 48%.
Les racines profondes d’une crise multifactorielle
La détérioration du marché de l’emploi au Maroc trouve ses origines dans une conjonction de facteurs. En premier lieu, la sécheresse persistante qui frappe le pays a durement touché le secteur agricole, pilier traditionnel de l’économie marocaine. Ce secteur a perdu 152 000 emplois en un an, soit une baisse de 5% de son volume d’emploi. Cette situation met en lumière la vulnérabilité d’une économie encore fortement dépendante des aléas climatiques.
Par ailleurs, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), autre pourvoyeur important d’emplois, connaît également des difficultés. Il a enregistré une perte de 35 000 postes, principalement en milieu urbain. Cette contraction reflète un ralentissement de l’activité immobilière et des grands chantiers d’infrastructure, longtemps moteurs de la croissance économique du pays.
Face à ces pertes massives d’emplois dans les secteurs traditionnels, les créations de postes dans les services et l’industrie, bien que positives, ne suffisent pas à compenser le déficit. Le secteur des services a créé 49 000 emplois, tandis que l’industrie, y compris l’artisanat, en a généré 58 000. Ces chiffres, bien qu’encourageants, soulignent la nécessité d’accélérer la transition vers une économie plus diversifiée et résiliente.
Des défis persistants et des pistes de solution
La situation de l’emploi au Maroc révèle des défis structurels profonds. Le chômage touche particulièrement les jeunes, avec un taux atteignant 36,1% pour les 15-24 ans, en hausse de 2,5 points. Les diplômés sont également durement touchés, avec un taux de chômage de 19,4%. Ces chiffres mettent en évidence l’inadéquation persistante entre le système éducatif et les besoins du marché du travail.
Pour faire face à cette crise, le Maroc devra redoubler d’efforts dans plusieurs directions. L’accélération de la diversification économique, déjà engagée, doit se poursuivre pour créer des emplois dans des secteurs à forte valeur ajoutée. La formation professionnelle et l’enseignement supérieur doivent être repensés pour mieux répondre aux besoins des entreprises. Enfin, le soutien à l’entrepreneuriat et aux PME pourrait offrir de nouvelles opportunités d’emploi, en particulier pour les jeunes diplômés.
La lutte contre le chômage au Maroc s’annonce comme un défi de longue haleine, nécessitant une approche globale et des réformes structurelles profondes. L’avenir économique du pays dépendra de sa capacité à créer un environnement propice à la création d’emplois durables et de qualité, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités du marché du travail mondial.
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