Au moins 46 détenus sont morts dans quatre prisons entre janvier et juillet 2023, selon les informations recueillies par Amnesty International. Amnesty International s’est entretenue avec 500 détenus, des professionnels de la santé et des responsables pénitentiaires, et s’est rendue dans les prisons entre le 19 juin et le 21 juillet 2023.
Les enquêtes ont révélé qu’ au moins 46 détenus sont morts dans quatre prisons entre le mois de janvier à juillet 2023. Cette organisation internationale a également révélé que les détenus dans les prisons du Bénin vivent dans des conditions inhumaines sans accès aux soins de santé.
De moins de 7 000 détenus en 2016, selon un ancien ministre de la Justice, ils sont passés à 18 170 en décembre 2023, selon le directeur de l’Agence pénitentiaire du Bénin. La prison de Missérété, construite pour accueillir environ 1 000 détenus, en comptait 3 742 en 2023, au moment de la visite d’Amnesty International, soit près de quatre fois sa capacité. La prison de Porto-Novo, construite pour 250 détenus, en comptait 1 554, soit six fois sa capacité. La prison de Cotonou, d’une capacité de 700 détenus, en comptait 1 595.
La plupart des détenus sont contraints de s’allonger sur le sol, sur le côté, sans possibilité de se retourner, a observé Amnesty International. Dans les prisons équipées de lits, un seul matelas individuel peut être occupé par trois ou quatre personnes. Les bâtiments partagés par des centaines de détenus n’ont que d’étroites ouvertures qui ne permettent pas une aération suffisante. La plupart des prisons que l’équipe d’Amnesty International a visitées n’étaient pas équipées de ventilateurs, malgré la chaleur excessive. Les détenus essaient donc de se rafraîchir par leurs propres moyens : « Nous achetons de la glace et nous nous passons l’eau fraîche sur le corps », a déclaré une détenue de la prison de Porto-Novo. Dans cette prison, Amnesty International a constaté la présence de ventilateurs non fonctionnels, dont certains tournaient au ralenti, sans aucun effet sur la chaleur ressentie dans les bâtiments.
Un détenu d’Abomey-Calavi a déclaré que « l’eau que nous buvons est celle d’une citerne. Elle n’est pas potable. Quand l’eau manque, les sapeurs-pompiers nous apportent de l’eau sale, et on se bat pour avoir cette eau sale. » Malgré le risque constant de paludisme au Bénin, qui augmente pendant la saison des pluies, de juin à novembre, il n’y avait pas de moustiquaires dans plusieurs des prisons visitées par Amnesty International. Dans la prison de Natitingou, des moustiquaires déchirées étaient utilisées.
« L’amélioration des conditions de détention dans les prisons civiles conformément aux normes internationales en matière de droits humains fait partie du programme d’action du gouvernement pour la période quinquennale allant jusqu’en 2026. Avec une volonté politique forte, il est encore temps d’atteindre ces objectifs », a déclaré Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty International Bénin.
Les mauvaises conditions de détention augmentent le risque de développer des maladies, et les températures extrêmes peuvent entraîner des coups de chaleur nécessitant une intervention médicale d’urgence. Cependant, les autorités manquent généralement à leurs obligations internationales en matière de droits humains en ce qui concerne l’accès aux soins de santé. Les prisons manquent de personnel médical. Aucune des prisons visitées ne dispose de médecins d’État en permanence. Les infirmeries, gérées par deux ou trois infirmiers ou infirmières, sont assistées deux fois par semaine par des médecins déployés par l’ONG Bénin Excellence. À Natitingou, l’infirmerie reçoit 400 à 600 détenues par mois, selon un infirmier. Les prisons de Missérété, Parakou et Abomey comptent respectivement trois infirmières pour 3 742 détenus, trois infirmiers pour 1 491 détenus et deux infirmiers pour 2 468 détenus.
Les détenus ont indiqué que les médicaments leur sont souvent refusés, sont indisponibles ou périmés. Selon des déclarations recueillies par Amnesty International, des soins seraient refusés à des détenus par le personnel infirmier ou administratif, y compris en cas d’urgence. Un détenu placé en cellule d’isolement à la prison de Missérété a déclaré : « J’ai fait une crise d’asthme, mais le chef de cellule a refusé d’ouvrir la porte ». Ces refus de soins et ces retards peuvent avoir des conséquences dramatiques. Selon un détenu, un jeune homme de 22 ans est mort après avoir fait une crise d’épilepsie et avoir attendu deux heures l’arrivée des gardiens. « Le lendemain, on nous a dit qu’il était mort. Il lui restait deux mois de détention avant d’être libéré. »
« En cette période de chaleur record, les autorités béninoises doivent prendre des mesures urgentes et efficaces pour éviter que les prisons du pays ne deviennent des mouroirs », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Amnesty International appelle les autorités béninoises à prendre des mesures immédiates et efficaces pour améliorer les conditions de détention dans les 11 prisons du pays et se conformer aux normes internationales en matière de droits humains relatives au traitement des détenus, connues sous le nom de Règles Nelson Mandela.
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