Depuis plusieurs mois, l’Égypte est confrontée à des coupures d’électricité répétées, impactant la vie quotidienne de millions d’habitants et ralentissant l’activité économique du pays. Pour répondre à cette crise énergétique, le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly, a annoncé le 19 septembre dernier une stratégie gouvernementale ambitieuse visant à éradiquer ces interruptions de courant d’ici l’été 2025. Ce plan s’accompagne d’une enveloppe budgétaire de 2,5 milliards de dollars et repose sur plusieurs axes stratégiques.
La production d’électricité en Égypte repose principalement sur le gaz naturel, une ressource cruciale mais dont la production a fortement baissé ces dernières années. En effet, malgré les importantes réserves gazières du pays, la demande interne croissante, conjuguée à une gestion inefficace et aux fluctuations des prix du marché international, a conduit à une diminution de l’offre domestique. Pour pallier ce déficit, le gouvernement égyptien a dû se tourner vers l’étranger en commandant 20 cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces importations visent à répondre aux besoins énergétiques immédiats, en particulier avec l’arrivée de l’hiver, une période traditionnellement marquée par une hausse de la demande en électricité.
Cependant, cette solution d’importation représente un coût financier élevé et une dépendance accrue vis-à-vis des marchés internationaux. Ainsi, le plan du gouvernement vise à relancer la production nationale de gaz naturel afin de répondre aux besoins du pays tout en réduisant sa dépendance aux importations. L’Égypte dispose de réserves considérables dans des champs tels que Zohr, découvert en 2015, mais l’exploitation optimale de ces ressources reste un défi.
En parallèle à la relance de la production de gaz, le pays d’Afrique du Nord s’engage dans un projet d’interconnexion électrique avec l’Arabie saoudite. Ce projet, qui entre dans sa première phase, prévoit de relier les réseaux électriques des deux pays, permettant ainsi un partage de l’électricité lors des périodes de forte demande. L’Arabie saoudite, riche en ressources énergétiques et disposant d’une capacité de production excédentaire, pourrait fournir à l’Égypte une source complémentaire d’énergie pour stabiliser son réseau. Cette interconnexion est également perçue comme un modèle de coopération régionale, susceptible de renforcer la sécurité énergétique de toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Le Premier ministre Madbouly a insisté sur le fait que cette initiative représente une priorité nationale pour le gouvernement. Selon lui, il est impératif de rétablir un approvisionnement continu en électricité afin de soutenir le développement industriel, attirer de nouveaux investissements et améliorer la qualité de vie des citoyens égyptiens. Les autorités espèrent que ce partenariat stratégique avec l’Arabie saoudite pourra jouer un rôle central dans la résolution à court terme de la crise énergétique.
Outre les initiatives liées à la production de gaz naturel et à l’interconnexion avec l’Arabie saoudite, le plan gouvernemental comprend également des investissements massifs pour moderniser les infrastructures énergétiques existantes. En effet, le réseau électrique égyptien, qui souffre d’un manque d’entretien, doit être renforcé pour réduire les pertes d’énergie et améliorer l’efficacité du système. Les investissements prévus incluent la rénovation des centrales électriques, l’amélioration des lignes de transmission et la modernisation des infrastructures de distribution.
Le gouvernement envisage également de diversifier les sources d’énergie en investissant dans les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne. L’Égypte, en raison de sa position géographique et de son climat favorable, possède un potentiel considérable pour exploiter ces ressources. En investissant dans ces alternatives écologiques, l’Égypte espère réduire sa dépendance au gaz naturel et garantir une stabilité énergétique durable à long terme.
La lutte contre les coupures d’électricité en Égypte s’inscrit dans une vision plus large d’indépendance énergétique. Les réformes actuelles visent non seulement à répondre aux besoins immédiats de la population, mais également à préparer l’Égypte à une croissance économique durable. Une production énergétique stable et fiable est un facteur clé pour attirer les investissements étrangers, développer les infrastructures industrielles et améliorer la compétitivité du pays sur le marché international.
Le gouvernement égyptien a conscience que ce plan ne pourra porter ses fruits qu’avec une mise en œuvre rigoureuse et un suivi constant des objectifs. Le défi reste colossal, mais l’ambition de mettre fin aux coupures d’électricité d’ici 2025 pourrait marquer un tournant décisif pour l’économie égyptienne et le bien-être de sa population.
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