L’Afrique, continent aux ressources abondantes et au potentiel économique immense, voit ses nations tisser des liens de plus en plus étroits. Depuis des décennies, les pays du Maghreb cherchent à renforcer leur présence sur le continent. Le Maroc, par exemple, a développé une stratégie africaine ambitieuse, multipliant les investissements et les accords commerciaux. La Libye, sous l’ère Kadhafi, avait également adopté une politique d’influence, finançant de nombreux projets panafricains. Aujourd’hui, c’est au tour de la Tunisie de prendre les devants, en jetant son dévolu sur le géant ouest-africain : le Nigeria.
Une volonté affirmée de coopération bilatérale
Le récent Forum économique Tunisie-Nigeria à Abuja marque un tournant dans les relations entre les deux pays. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a clairement exprimé la détermination de son gouvernement à intensifier les échanges commerciaux. Cette initiative s’aligne parfaitement avec la vision du président Bola Tinubu, qui mise sur la diversification économique et l’attraction des investissements étrangers pour stimuler la croissance du pays.
De son côté, l’ambassadeur tunisien au Nigeria, Mohsen Antit, a souligné l’enthousiasme de son pays à explorer de nouvelles pistes de collaboration. La Tunisie, forte de ses compétences dans des domaines variés tels que les technologies de l’information, l’ingénierie ou encore la santé, se positionne comme un partenaire de choix pour le Nigeria. Cette complémentarité pourrait bien être la clé d’une coopération fructueuse entre les deux nations.
Des secteurs d’excellence comme levier de développement
La Tunisie ne manque pas d’atouts pour séduire son partenaire nigérian. Le pays se targue de disposer d’infrastructures médicales et éducatives de pointe, prêtes à accueillir les étudiants et patients africains désireux de bénéficier d’une expertise reconnue. Cette ouverture sur le continent s’inscrit dans une logique de partage des connaissances et de renforcement des capacités à l’échelle régionale.
Le tourisme, secteur phare de l’économie tunisienne, pourrait également jouer un rôle moteur dans ce rapprochement. Classée quatrième destination touristique mondiale, devançant ses voisins marocain et égyptien, la Tunisie offre un terrain propice aux investisseurs nigérians en quête d’opportunités dans ce domaine florissant.
Vers un partenariat gagnant-gagnant
L’organisation de ce forum économique à Abuja n’est que la première étape d’un processus appelé à s’intensifier. Anis Jaziri, président du Conseil Tunisien des Affaires Africaines, a d’ores et déjà annoncé que le Nigeria serait l’invité d’honneur de la prochaine édition du Forum sur le Financement de l’Investissement et du Commerce en Afrique (FITA). Cette invitation témoigne de l’importance accordée par la Tunisie à ce partenariat naissant.
Pour le Nigeria, cette collaboration ouvre des perspectives intéressantes. En tant que poids lourd de la CEDEAO et plus grand marché d’Afrique, le pays a tout intérêt à diversifier ses partenaires économiques. L’expertise tunisienne dans des secteurs de pointe pourrait contribuer à accélérer le développement technologique et industriel nigérian, tout en offrant de nouveaux débouchés aux entreprises locales.
Le défi du racisme : un obstacle majeur à surmonter
La quête de partenariats économiques fructueux entre les pays du Maghreb et l’Afrique subsaharienne se heurte à un obstacle majeur : le racisme profondément ancré dans certaines sociétés maghrébines. Cette réalité troublante, souvent occultée dans les discours officiels, se manifeste par des discriminations systémiques, des violences verbales et parfois physiques envers les migrants et les étudiants d’Afrique subsaharienne. Pour espérer établir des relations authentiques et durables, les pays du Maghreb doivent impérativement s’attaquer à ce fléau. Cela implique une refonte des systèmes éducatifs pour promouvoir la diversité et l’inclusion, des réformes législatives pour punir sévèrement les actes racistes, et des campagnes de sensibilisation à grande échelle. Les médias et la société civile ont un rôle crucial à jouer dans ce processus de transformation sociétale. Sans ces changements profonds, les déclarations d’intention et les accords économiques risquent de sonner creux, minant la crédibilité des initiatives de rapprochement et perpétuant une fracture préjudiciable à l’ensemble du continent africain.
Cette alliance entre la Tunisie et le Nigeria illustre une tendance de fond sur le continent africain : celle d’un rapprochement entre les différentes régions, transcendant les barrières linguistiques et culturelles. À l’heure où l’intégration économique africaine se concrétise à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ce type de partenariat bilatéral pourrait bien servir de modèle pour d’autres nations désireuses de renforcer leurs liens intra-africains.
Laisser un commentaire