La Tunisie fait face à une situation hydrique préoccupante, illustrée par le niveau historiquement bas du barrage de Sidi Saâd à Kairouan. Construit en 1982, cet ouvrage d’art crucial pour l’agriculture de la région enregistre actuellement un stock de seulement 21,835 millions de mètres cubes, bien en deçà de sa capacité totale de 134 millions de mètres cubes.
Cette année, les apports en eau n’ont atteint que 3 millions de mètres cubes, un chiffre alarmant comparé à la moyenne habituelle de 48 millions. Face à cette pénurie, les autorités ont pris une décision sans précédent : puiser dans la réserve stratégique du barrage, une mesure jamais utilisée depuis sa mise en service il y a plus de quatre décennies.
L’objectif de cette initiative exceptionnelle est de préserver la campagne agricole en cours et d’irriguer les arbres fruitiers ainsi que les cultures céréalières des périmètres concernés. Pour y parvenir, quatre grandes pompes ont été installées afin d’acheminer l’eau vers les canaux d’irrigation, compensant ainsi la baisse considérable du niveau d’eau.
Ce recours à la réserve stratégique s’inscrit dans un contexte plus large de stress hydrique touchant l’ensemble de la région. Les trois principaux barrages de Kairouan – Nabhana, Sidi Saâd et El Hawareb – affichent un taux de remplissage global inférieur à 8%, d’après les données récentes de la Délégation régionale au développement agricole.
Les causes de cette situation critique sont multiples. Le changement climatique joue un rôle prépondérant, entraînant une diminution significative des précipitations. La sécheresse persistante, couplée à un taux d’évaporation élevé, accentue la pression sur les ressources hydriques disponibles. Ces conditions défavorables ont déjà eu des répercussions notables sur l’agriculture locale, avec des dommages constatés sur les arbres fruitiers et une baisse de la production céréalière, particulièrement dans les zones agricoles dépendantes des barrages de Sidi Saâd et de Tawila.