Troisième producteur d’or du continent africain, le Mali confirme son ambition de consolider sa position dominante dans le secteur aurifère. Avec une production annuelle atteignant 66,5 tonnes, l’or représente un pilier majeur de l’économie malienne, contribuant à 70 % des exportations et 25 % des recettes fiscales du pays. Cette ressource précieuse, qui génère plus de 500 milliards de francs CFA pour le budget de l’État, joue un rôle crucial dans le développement économique du Mali, représentant 10 % de son produit intérieur brut.
Un nouveau chapitre pour l’exploitation aurifère malienne
Le gouvernement malien vient de franchir une étape décisive dans sa stratégie de maîtrise des ressources naturelles. Un permis de recherche a été accordé à la Société de recherche et d’exploitation minière (Sorem) pour explorer une zone de 97,41 km² à Intahaka, située à seulement 80 km de la ville de Gao. Cette décision marque un tournant dans la politique minière du pays, jusqu’alors dominée par des compagnies étrangères telles que les canadiennes Barrick Gold et B2Gold, l’australienne Resolute Mining ou encore la britannique Hummingbird Resources.
La Sorem, entreprise publique créée en novembre 2022, incarne la volonté des autorités de transition d’accroître les bénéfices tirés des richesses du sous-sol malien. Son mandat, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur minière – de la prospection à la commercialisation – témoigne de l’ambition du Mali de prendre en main son destin minier.
Des défis et des opportunités à l’horizon
Le choix d’Intahaka comme site de prospection n’est pas anodin. Depuis plus de six ans, cette zone attire des milliers d’orpailleurs artisanaux, laissant présager un potentiel aurifère considérable. Cependant, la transition vers une exploitation industrielle soulève de nombreuses questions. Le sort des mineurs artisanaux, l’impact environnemental et les enjeux sécuritaires dans une région instable figurent parmi les défis à relever.
Un pari économique et stratégique
L’initiative d’Intahaka s’inscrit dans une stratégie plus large de nationalisation des ressources minières. En mai dernier, la Sorem a acquis pour un dollar symbolique la mine de Morila, marquant une première étape dans cette direction. Cette approche, si elle réussit, pourrait redéfinir l’équilibre économique du pays.
Néanmoins, les défis sont de taille. Un économiste malien souligne l’ampleur des investissements nécessaires, tant en termes financiers qu’en ressources humaines qualifiées, sans oublier l’épineuse question de la sécurisation du site. La réussite de ce projet pourrait transformer Intahaka en véritable trésor national, renforçant considérablement l’autonomie financière du Mali.
Alors que le pays s’engage sur cette voie ambitieuse, l’avenir de l’industrie aurifère malienne semble à la croisée des chemins. Entre promesses de prospérité et défis colossaux, le Mali joue une partie dont l’issue pourrait redessiner son paysage économique pour les décennies à venir.
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