La Libye, l’un des pays les plus riches en pétrole au monde, se trouve une fois de plus confrontée à des défis de taille dans l’exploitation de ses vastes ressources énergétiques. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays n’a cessé d’être secoué par des conflits internes, plongeant son secteur pétrolier, pilier de son économie, dans une instabilité chronique.
Récemment, les exportations de pétrole brut ont été suspendues suite à des tensions accrues entre le gouvernement de l’Est et celui de l’Ouest, particulièrement autour du contrôle de la Banque centrale. Cette situation a provoqué une paralysie des activités dans plusieurs terminaux pétroliers stratégiques, compromettant l’acheminement du brut vers les marchés internationaux.
Cependant, un signe de reprise a émergé ce 5 septembre 2024, lorsque des sources proches de l’industrie ont confirmé que les exportations avaient repris au terminal de Zueitina, l’un des plus importants du pays. En effet, un pétrolier, le Kriti Samaria, a commencé à charger une cargaison de 600 000 barils, destinée à être exportée vers l’Italie. Ce développement est significatif pour l’économie libyenne, qui repose essentiellement sur les revenus du pétrole et du gaz. Ces ressources représentent environ 97 % des exportations du pays, plus de 90 % des recettes fiscales et près de 70 % du PIB.
Pourtant, cette reprise partielle ne masque pas les incertitudes qui pèsent sur une relance totale des activités pétrolières en Libye. Les deux gouvernements rivaux qui contrôlent différentes parties du territoire continuent de s’affronter, rendant difficile toute stabilité à long terme. De plus, aucune annonce officielle n’a encore été faite concernant la levée de la suspension des exportations de brut dans les autres terminaux du pays.
La situation libyenne reste donc extrêmement fragile. L’économie du pays, déjà dévastée par des années de guerre civile, ne peut se permettre de se priver des revenus liés au pétrole pendant une longue période. L’arrêt prolongé des exportations risque d’aggraver les tensions sociales et économiques internes, accentuant encore davantage la fragmentation du pays.
Un enjeu crucial pour la Libye réside également dans la capacité à attirer des investissements étrangers pour moderniser ses infrastructures pétrolières. La société chinoise China National Petroleum Corporation (CNPC), qui détient une participation de 41 % dans le consortium Dar Petroleum Operating, premier producteur de pétrole brut en Libye, joue un rôle clé dans cette perspective. La CNPC envisage même la construction d’un nouvel oléoduc reliant les gisements pétroliers libyens à Djibouti et à l’Éthiopie, un projet qui pourrait offrir une alternative aux infrastructures existantes endommagées par les conflits.
Toutefois, l’avenir du secteur pétrolier libyen dépend largement de la résolution des conflits politiques internes et de la stabilisation du pays. Tant que les factions rivales continueront de se disputer le contrôle des institutions et des richesses, la Libye aura du mal à exploiter pleinement son potentiel énergétique.
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