Les membres du parti Bloc républicain ont marché à Djougou et à Bassila pour ont-ils dit, soutenir Patrice Talon après le coup d’Etat manqué. Même chose à Ouidah alors que dans la 15ème circonscription, des séances de prière à la nation sont aussi organisées pour le même but. Ces initiatives, alors qu’elles viennent en contradiction à la ligne de conduite dictée par le président de la République après sa prise de pouvoir, annoncent une reprise des marches de soutien et des prières dans le pays.
Les Béninois ont été habitués depuis 2016, à une interdiction systématique des marches. Très difficilement, certaines organisations syndicales ont pu manifester leur mécontentement face à tel ou tel sujet à travers des marches pacifiques, et ceci non sans séquelles. Si elles ne se sont pas soldées par des arrestations, alors elles ont fini dans la débandade, du fait de la répression policière. Mais au-delà, si quelque chose devrait étonner les populations béninoises et les amener à se poser des questions, c’est bien de voir un jour des marches de soutien au président Patrice Talon, qui ayant choisi d’être populaire seulement par ses œuvres, a annoncé à l’entame de son mandat, dans une émission télévisée, donc à la face du monde, qu’il interdirait toutes actions visant le culte de la personnalité. Il avait cité notamment les marches de soutien. Quelques années après, c’est à tout le contraire que les Béninois assistent.
Comme l’avait prédit l’opposant en exil Valentin Djènontin Agossou, après la mise sous mandat de dépôt des suspects dans le dossier coup d’Etat, les soutiens au chef de l’Etat se font déjà voir à travers des marches dans différentes localités, avec des affiches à l’effigie de Patrice Talon. Vendredi 11 octobre 2024, la fédération des associations et acteurs culturels de Ouidah (Faac), regroupement à priori apolitique a initié une marche de soutien à Patrice Talon. Comme le Faac, les coordinations Br des 13ème et 14ème circonscriptions électorales ont également marché à Djougou et à Bassila. Dans la 15ème circonscription, c’est une série de prières qui a été organisée pour demander la protection de Dieu sur la nation. Et d’autres initiatives sont annoncées déjà dans plusieurs autres localités du pays. Ceci alors même que le dossier est en instruction et qu’aucun juge n’a établi la culpabilité des prévenus.
A ce jour en effet, aucune culpabilité, ni d’Olivier Boko, ni d’Oswald Homéky, ni de personne d’autre n’a été établie dans l’affaire coup d’Etat. Mais déjà, acteurs politiques et sociaux battent le macadam pour soutenir une probable victime. Pourtant, cette dernière avait dit son aversion pour les actions actuellement entreprises par ses partisans et autres. Patrice Talon sait-il ce qui se passe ? L’a t – il autorisé ? Pourquoi ne rappelle – t – il pas à l’ordre sa troupe, qui bien que disant lui être fidèle, foule au pied ses volontés ? Et si les marches de soutien sont désormais permises, celles de protestation peuvent – elles également l’être ? Voilà autant de questions qui mériteraient bien des réponses.
Ce qu’on sait, c’est que les marches de soutien et prières à la nation sont les principaux reproches faits à la gouvernance de Boni Yayi. Et pour marquer sa rupture avec cette gouvernance, Patrice Talon avait annoncé mettre systématiquement fin au culte de la personnalité manifesté à travers marches et prières. Mais comme ce fut le cas pour d’autres choses, cette volonté de Patrice Talon est entrain d’être foulée au pied. Et bientôt, on assistera aussi aux messes et autres initiatives en l’honneur du chef de l’Etat. Comme quoi en politique au Bénin, on prend toujours les mêmes et on recommence.
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