Alors qu’il sera ancien président de la république dans quelques mois comme Boni Yayi et Nicéphore Dieudonné Soglo, Patrice Talon est sévèrement critiqué par des gens qui défendaient, il y a quelques jours encore, ses actions. Son bilan, après plusieurs années de gouvernance, semble difficile à assumer pour certains, qui étaient jusqu’à récemment considérés comme des partisans. Conséquence, ceux qui ont participé depuis le début à bâtir cet héritage se démarquent déjà de la gestion de l’actuel président.
« Nous vivons aujourd’hui dans un climat de peur, de psychose et dans une atmosphère délétère au Bénin ». C’est là la déclaration de Jean-Eudes Mitokpè du mouvement OB 2026. Il y a quelques semaines, avant l’éclatement le 24 septembre de l’affaire tentative de coup d’état, ce mouvement défendait sans grande restriction, la gouvernance de Patrice Talon, même si ses tenants prenaient le soin d’expliquer que Boko n’est pas Talon. Quelques jours seulement après l’incarcération de son leader, voilà OB 2026 qui prend fait et cause pour le peuple béninois, les prisonniers politiques, les exilés politiques et les droits de la personne humaine. On pourrait alors dire qu’OB 2026 et l’opposition béninoise mènent désormais un même combat.
« La démocratie, notre démocratie qui était autrefois notre fierté s’est retrouvée reléguée au second plan, tandis que les libertés fondamentales comme la liberté d’expression sont gravement menacées », affirme le président de OB 2026 lors d’une conférence de presse animée le 28 octobre 2024. Pour Jean-Eudes Mitokpè, les institutions étatiques sont affaiblies et le climat autoritaire qui plane sur le Bénin s’appuie sur les réalisations d’infrastructures pour s’enraciner. Si pour quelqu’un qui a soutenu l’action du régime pendant 8 ans, les critiques sont aussi virulentes, reprenant pratiquement mot pour mot les propos de l’opposition et d’une frange de la société civile et des populations, alors on se demande à quel jeu jouent les partisans d’Olivier Boko.
Alors même que le régime n’a pas fini, des alliés prennent déjà la tangente. Dans le rang de certains anciens collaborateurs de l’actuel chef de l’Etat, on remarque une nette démarcation face à son bilan de la gouvernance du pays. Que ce soit Aurélien Agbénonci, Sévérin Quenum ou Oswald Homéky, aucun d’eux n’assume le bilan du chef de l’Etat ou même ce qu’ils ont fait à ses côtés. Les séparations pour la plupart d’entre eux se sont faites dans la douleur. Même si actuellement, ils n’en disent pas beaucoup sur la gestion de Patrice Talon, on constate que les deux derniers, dont l’un est en prison avec Olivier Boko et l’autre recherché par la justice dans le même dossier, ont rejoint un camp qui critique aujourd’hui sévèrement la gouvernance de Patrice Talon. Et l’ancien ministre des affaires étrangères n’a pas fait mieux il y a quelques mois.
La politique au Bénin s’apparente de plus en plus à un jeu d’intérêts où les acteurs manœuvrent pour maximiser leurs gains personnels. Les partis politiques, souvent façonnés par des alliances opportunistes, reflètent des ambitions individuelles plutôt que des idéaux collectifs. Les enjeux économiques et les ressources nationales deviennent des outils de manipulation, où la loyauté peut se monnayer et les promesses électorales se transforment en stratégies de survie. Tant que c’est bon pour les gens ça marche. Mais dès que ce n’est plus bon pour eux, tout devrait s’arrêter. Cette dynamique crée un climat de méfiance entre les citoyens et leurs dirigeants, alimentant la perception que le pouvoir n’est qu’une plateforme pour satisfaire des intérêts privés, éloignant ainsi la démocratie de ses véritables objectifs.
Sinon, comment comprendre que des anciens partisans de Talon se préoccupent aujourd’hui du sort de Réckyath Madougou et Joël Aïvo ainsi que des autres qualifiés de prisonniers politiques par l’opposition depuis plusieurs années ? On se demande quelle crédibilité revêtent des propos compatissants tenus aujourd’hui par des partisans d’Olivier Boko à l’endroit des exilés et autres qui ont tout le temps dénoncé la régression de la démocratie et de l’Etat de droit au Bénin sans oublier le système judiciaire, toute chose que dénonce maintenant le mouvement OB 2026.
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